Le mole di dati sta trasformando profondamente la valutazione del rischio, al centro dell’assicurazione. La professione conoscerà un cambiamento senza precedenti, con nuovi concorrenti, nuove competenze e nuovi requisiti. Per molto tempo l’assicurazione è stata un fiume lungo e tranquillo. Aveva senso: niente sembrava più rassicurante di regole stabili, edifici bellissimi, burocrati in tute grigie. Solo che il compito dell’assicuratore è la valutazione del rischio. Tale valutazione si basa su informazioni. E l’informazione è la materia prima al centro della rivoluzione in corso. La perturbazione influenza la conoscenza del rischio, la sua misurazione, l’analisi e fino alla sua probabilità.
Per l’assicurazione, è lo shock più grande dalla sua comparsa nel Medioevo. Le scosse possono sembrare sotterranee, ma provocano manovre importanti, come l’acquisizione dell’americana XL Group da parte di AXA o il tentativo di Covéa di un’offerta pubblica di acquisto per il riassicuratore Scor.
Jean-Marc Vittori
Les montagnes de données transforment en profondeur l’évaluation du risque, au coeur de l’assurance. Le métier va changer comme jamais depuis son apparition, avec de nouvelles concurrences, de nouvelles compétences, de nouvelles exigences. Pas facile de trouver la sortie vers le haut.
Longtemps, l’assurance fut un long fleuve tranquille. C’était logique : rien ne semblait plus rassurant que des règles stables, des beaux immeubles, des bureaucrates en costume gris. Sauf que le métier de l’assureur est l’évaluation du risque. Cette évaluation repose sur l’information. Et l’information est la matière première au coeur de la révolution industrielle en cours. Le chamboulement touche la connaissance du risque, sa mesure, son analyse et jusqu’à sa probabilité.
Pour l’assurance, c’est le plus grand choc depuis son émergence au Moyen Age. Si les secousses peuvent paraître souterraines, elles provoquent de grandes manoeuvres, comme le rachat de l’américain XL Group par AXA ou la tentative d’OPA de Covéa sur le réassureur Scor. Le marché porte trois risques majeurs, contre lesquels les assureurs auront du mal à s’assurer : basculement des compétences, écrémage et déclin.
1. Le basculement des compétences
Le métier d’assureur semble plus facile que celui du banquier. Le banquier prête de l’argent en espérant être remboursé ensuite chaque mois ; l’assureur encaisse une prime chaque année et verse ensuite de temps à autre une somme d’argent. Outre des actuaires qui font des calculs et des investisseurs qui font des placements, le secteur emploie deux grands bataillons de salariés. Les premiers sont des vendeurs, immortalisés par le fameux Séraphin Lampion figurant dans les albums de Tintin. Les seconds sont des juristes travaillant sur les dossiers des sinistres.
La révolution de l’information chamboule cet ordre. En amont, « les Gafa du monde entier vont devenir courtiers », estime l’un des grands acteurs du secteur. Les assureurs risquent de perdre le contact avec le client, comme l’avait expérimenté dans l’hôtellerie le groupe Accor avec la montée en puissance de la centrale de réservation sur Internet Booking. La sortie par le haut, difficile à trouver, consiste à devenir une plate-forme de services dont l’assurance est le fil rouge.
En aval, le changement est moins visible mais aussi déterminant. « Les nouvelles technologies permettent à l’assurance d’évoluer d’un rôle de pure protection vers un rôle de prédiction et de prévention des risques », explique Anna Maria D’Hulster dans un rapport sur les mégadonnées publié l’an dernier par l’Association de Genève, un think tank sur l’assurance dont elle a été précédemment secrétaire générale. Avec les montagnes de données désormais disponibles, il devient plus simple d’identifier les zones de risques, de prévenir les accidents.
Ce qui transforme le métier en profondeur. L’assurance sera de plus en plus une coproduction entre l’assureur et l’assuré. Alors que les salariés ont été recrutés sur leur expertise technique, ils devront se mettre au contact (fût-il virtuel) du client pour l’accompagner dans la prévention et non plus seulement après un sinistre. C’est un formidable défi de ressources humaines.
2. L’écrémage
En travaillant les montagnes de données, les assureurs vont pouvoir mieux faire le tri entre les « bons » clients, ceux qui ne coûtent pas cher, et les « mauvais ». De nouveaux rivaux pourraient chercher à prendre seulement la crème. A terme, la mutualisation des risques, au fondement de l’assurance, pourrait être remise en cause.
La profession est partagée sur le danger. « Il y a depuis toujours une tension féconde entre la loi des grands nombres et la caractérisation des individus », affirme Denis Kessler, le PDG du réassureur SCOR. Nombre d’assureurs nés de l’espoir de prendre des clients moins risqués, comme les instituteurs (Maif) ou les fonctionnaires (GMF), ont élargi leur critère originel de recrutement pour grandir – et amortir des coûts de fonctionnement élevés (réglementation, informatique). Mais les bases de données pourraient changer le jeu. Des start-up proposent désormais aux assureurs d’évaluer le profil de risque d’un individu à partir de ses factures de téléphone, voire d’un simple selfie. « Si l’écrémage se répand, le danger est tel pour l’assurance que les pouvoirs publics contraindront les compagnies à accepter les mauvais risques », estime le patron d’un grand assureur européen. Ce ne serait pas la première fois. En 2011, la Cour de justice européenne avait interdit aux assureurs de proposer des primes moins élevées aux conductrices, même si elles ont moins d’accidents. Au nom de la lutte contre les discriminations !
3. Le déclin
« Le marché de l’automobile fait la moitié de mon chiffre d’affaires, explique le patron d’une grande mutuelle. Dans quinze ans, je ne sais pas s’il existera encore. » Une étude réalisée par le cabinet de conseil BCG avec la banque Morgan Stanley confirme le péril : « Dans certains pays avancés, les primes d’assurance automobile pourraient diminuer jusqu’à 80 % d’ici à 2040. » La faute, d’abord, à la voiture autonome. Avec force capteurs, données et calculateurs, elle devrait avoir moins d’accidents que ses cousines conduites par des humains.
« La question du business model se pose au-delà », affirme Jean-Christophe Gard, directeur associé au BCG. Car les consommateurs ne consomment plus pareil. Ils vont de la possession d’une voiture à sa location. Le marché glisse du B to B au B to C, et un loueur sait mieux négocier qu’un particulier. Plus tard, c’est peut-être le constructeur qui assurera directement les voitures, intégrant ce coût dans le prix de la voiture.
Dans l’assurance-habitation et, même, dans l’assurance-santé, les outils de détection et de prévention vont aussi éviter des catastrophes. Pour s’imposer dans un monde où le risque est mieux maîtrisé, les assureurs devront inventer de nouveaux marchés.
Les points à retenir
L’immense quantité de données disponibles va conduire l’assurance à évoluer d’un rôle de protection à
un rôle de prédiction et de prévention des risques.
Tentées de faire le tri dans leur clientèle, les compagnies pourraient être contraintes par les pouvoirs publics d’accepter les mauvais risques.
A terme, les outils de détection et de prévention des risques éviteront des catastrophes et les assureurs devront inventer de nouveaux métiers.
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