Più del 60% dei grandi fondi pensione pubblici mondiali non tiene per niente o quasi per niente conto del clima negli investimenti. Hanno investito solo 90 mld di dollari in asset a bassa emissione di carbonio (1% delle masse totali) e solo il 10% dei fondi pensione valutati ha attuato politiche per escludere il carbone dal proprio portafoglio di investimenti.
SOPHIE ROLLAND
PLUS DE 60 % DES GRANDS FONDS DE PENSION PUBLICS MONDIAUX NE PRENNENT PAS OU QUASIMENT PAS EN COMPTE LE CLIMAT DANS LEURS INVESTISSEMENTS. ILS N’ONT INVESTI QUE 90 MILLIARDS DE DOLLARS DANS LES ACTIFS BAS CARBONE, SOIT 1 % DE LEURS ACTIFS CUMULÉS.
Comment les fonds de pension prennent-ils en compte le changement climatique ? La question n’a rien d’anecdotique. Avec des actifs combinés de plus de 11.000 milliards de dollars, le secteur des retraites représente un tiers des actifs des investisseurs institutionnels. L’ONG britannique Asset Owners Disclosure Project (AODP) publie ce lundi un classement des 100 plus grands fonds de pension publics du monde. Objectif : évaluer, concrètement, les pratiques au regard des recommandations du groupe de travail sur l’information financière relative au changement climatique (TCFD) du Conseil de stabilité financière.
En tête du classement, le suédois AP4 devance de peu le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) – seul fonds de pension français du Top 100 mondial. Le New York State Common Retirement Fund, lui, occupe la 3e place.
Mais globalement, le résultat est très mitigé. Plus de 60 % des grands fonds de pension publics mondiaux ne prennent pas ou quasiment pas en compte le climat. En tout, ils n’ont investi que 90 milliards de dollars dans les actifs bas carbone, ce qui représente moins de 1 % de leurs actifs cumulés. Pour mémoire, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) estime que 11.000 milliards de dollars d’investissements annuels seraient nécessaires pour financer la transition bas carbone. Autre constat : seuls 10 % des fonds de pension évalués ont mis en place des politiques visant à exclure le charbon de leur portefeuille d’investissement.
Des obligations « fiduciaires »
63 % des caisses de retraite fournissent en outre trop peu (voire aucune) information sur les répercussions financières du changement climatique sur leurs portefeuilles. La question n’a rien d’accessoire. Les fonds de pension ont des obligations « fiduciaires » à l’égard de leurs clients. Ils doivent agir au mieux de leurs intérêts et notamment prendre en compte les risques climatiques susceptibles de dégrader la valeur des investissements. Pour Felix Nagrawala, analyste à l’AODP, « les caisses de retraite ont le devoir de servir l’intérêt à long terme de leurs membres, ce qui n’est pas le cas si l’argent qu’elles investissent s’épuise avec la santé de la planète ».
Au Royaume-Uni, des cabinets d’avocats ont écrit aux grands fonds de pension du pays pour les mettre en garde contre d’éventuelles poursuites. En Australie, le Retail Employees Superannuation Trust a déjà été attaqué cet été par un épargnant qui estime que l’information sur les risques climatiques liés aux investissements est insuffisante.
« Inquiétante complaisance »
Les fonds de pension européens prennent davantage en compte le changement climatique que leurs homologues américains, même si la Californie et l’Etat de New York abritent les principaux fonds de pension notés AAA. 24 % des fonds européens et 4 % des fonds américains étudiés ont au moins obtenu la note A. L’AODP insiste sur le retard des trois plus grands fonds britanniques (USS, Railpen et Electricity Supply Pension Scheme) par rapport au reste de l’Europe. Il y a peu, des parlementaires avaient déjà évoqué leur « inquiétante complaisance » face aux risques climatiques.
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