LAURENT THÉVENIN
ARRIVÉ EN FÉVRIER 2014 À LA TÊTE D’UN GROUPE ALORS MAL EN POINT, STEPHEN HESTER A DEPUIS REMIS EN SELLE L’UN DES GRANDS ASSUREURS-DOMMAGE BRITANNIQUES RSA (6,4 MILLIARDS DE LIVRES DE PRIMES NETTES EN 2016), AU PRIX NOTAMMENT D’UN GRAND PROGRAMME DE CESSION D’ACTIFS. PREUVE DE SA SANTÉ RETROUVÉE, CE SPÉCIALISTE DE L’ASSURANCE-DOMMAGES DES ENTREPRISES ET DES PARTICULIERS A RÉALISÉ L’AN DERNIER LES MEILLEURS RÉSULTATS OPÉRATIONNELS DE SON HISTOIRE. L’ANCIEN PATRON DE ROYAL BANK OF SCOTLAND DÉTAILLE AUX « ECHOS » LES DÉFIS QUI L’ATTENDENT SUR UN MARCHÉ ULTRACOMPÉTITIF.
A l’été 2015, Zurich Insurance Group avait envisagé d’acquérir RSA, avant d’y renoncer. Pensez-vous être à l’abri d’une nouvelle tentative de rachat ?
Aucune entreprise ne peut dire que cela ne lui arrivera jamais. Mais, en ce qui concerne RSA, les conditions ont changé et la possibilité que cela se produise aujourd’hui est plus faible qu’il y a deux ans. En août 2015, cela faisait seulement dix-huit mois que nous avions commencé à transformer l’entreprise et les changements n’étaient alors peut-être pas visibles pour nos actionnaires. Mais depuis, ceux-ci ont pu voir les progrès accomplis. Il y a deux ans, Zurich aurait pu nous racheter pour pas si cher que cela. Mais notre cours de Bourse a fortement augmenté depuis…
A quoi jugez-vous vos progrès ?
La mesure la plus simple est que nous avons signé la plus forte performance en Bourse de toutes les compagnies d’assurances européennes ces deux dernières années. Le taux de rétention [le pourcentage de clients qui restent chaque année, NDLR], qui est aussi en hausse, constitue un autre bon indicateur. Cela tient au fait que nous nous sommes concentrés sur nos activités les plus fortes. Il n’est jamais bon pour une entreprise, quel que soit son secteur, d’avoir un modèle trop compliqué. Nous sommes sortis des pays où nous étions moins performants. Aujourd’hui, RSA est une entreprise d’assurance-dommages avec trois grands marchés domestiques, le Royaume-Uni, la Scandinavie et le Canada.
Vous n’êtes désormais plus que sur des marchés matures. N’est-ce pas un frein à la croissance ?
La croissance n’est pas un gros sujet en soi. Même dans les marchés difficiles et peu rentables au global, les meilleures compagnies d’assurance arrivent en effet toujours à réaliser de bonnes performances.
Comment comptez-vous faire la différence dans un secteur très concurrentiel ?
Toutes les compagnies d’assurance-dommages font peu ou prou la même chose et se copient les unes les autres. Malgré tout, il y a de grandes différences de performances entre elles. La seule explication est que certaines font les choses mieux que d’autres. C’est pour cela qu’il est essentiel de devenir très bon sur le plan opérationnel. Nous essayons donc de nous hisser au niveau des meilleurs, que ce soit au niveau des coûts, dans l’intelligence à souscrire des risques ou dans la manière de servir les clients, notamment. Le numérique va évidemment nous aider beaucoup. Nous introduisons ainsi du « machine learning » dans nos modèles actuariels de souscription. En Suède, notre processus de gestion des sinistres automobiles est entièrement digitalisé.
Voyez-vous l’émergence des insurtech comme une menace ?
Je ne pense pas que l’assurance soit la plus exposée à l’entrée de nouveaux acteurs. Les « disrupteurs » n’aiment pas s’attaquer à des industries très régulées et très consommatrices de capitaux. Les compagnies traditionnelles ont le temps de s’adapter aux nouvelles technologies, à condition de rester en alerte, évidemment. La technologie va davantage disrupter la banque, notamment dans le champ des moyens de paiement.
Vous êtes encore un acteur de taille modeste en France. Quelles y sont vos ambitions ?
Sur les dix dernières années, nous sommes en croissance en France avec 110 millions d’euros de primes en 2016. Nous assurons 40 des 120 premières entreprises françaises, avec des expertises reconnues sur l’assurance-transport ou les énergies renouvelables notamment. Nous cherchons à nous développer de façon rentable partout où il est possible d’appliquer notre expérience internationale. En revanche, nous n’avons pas l’intention d’aller vers l’assurance des PME ou des particuliers, comme nous pouvons le faire dans d’autres pays.
Le Brexit est-il un grand enjeu pour RSA ?
A titre personnel, je regrette le Brexit, mais il n’aura pas un grand impact pour RSA, car beaucoup de nos activités européennes sont déjà menées à partir de nos filiales en Irlande et en Scandinavie. Après le Brexit, nos activités en Belgique, en France, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas – qui sont aujourd’hui rattachés à notre entité britannique – seront opérées depuis une nouvelle filiale au Luxembourg.
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