LAURENT THÉVENIN
PREMIER GRAND OPÉRATEUR À DÉVOILER SES TARIFS POUR 2018, MAAF VA GELER SES COTISATIONS. LA PRESSION CONCURRENTIELLE SE FAIT TOUJOURS PLUS GRANDE SUR CE MARCHÉ.
La bataille tarifaire est lancée
en assurance-santé individuelle. Premier grand opérateur à dévoiler ses prix pour l’année prochaine, MAAF a décidé de ne pas augmenter ses cotisations en 2018 pour tous ses clients particuliers et professionnels (travailleurs non salariés, TNS). Avec ce gel des tarifs annoncé relativement tôt dans la saison, l’assureur mutualiste espère sortir du lot sur un marché ultraconcurrentiel et globalement orienté à la hausse, ces dernières années.
MAAF dit avoir les moyens d’une telle politique, qui le voit également offrir deux mois gratuits pour tous les nouveaux contrats souscrits d’ici à la fin octobre avec un tarif 2018 identique à celui de 2017. « La santé est une activité rentable chez nous. L’année 2016 et la tendance observée sur 2017 font apparaître une amélioration de nos résultats techniques sur cette activité, malgré la tendance haussière des dépenses de santé. Dans ce contexte, il n’y a aucune raison de revaloriser les cotisations et de ne pas en faire bénéficier nos clients », explique aux « Echos »
Stéphane Duroule, son directeur général
. Ces performances tiendraient notamment, selon lui, « à notre taille (plus de 755.000 bénéficiaires) et à notre présence sur tout le territoire qui permettent de mieux mutualiser, certaines régions étant plus consommatrices que d’autres », sans compter l’effet des nouveaux contrats « responsables », « qui freinent le renouvellement des paires de lunettes ».
Un risque de se mettre hors jeu
MAAF envoie en tout cas un vrai signal aux autres opérateurs, après avoir déjà pratiqué, les années précédentes, des augmentations « plutôt dans la frange basse du marché, soit entre 1 et 1,7 % pour 2017, par exemple ». En 2017, les tarifs de la complémentaire santé individuelle avaient augmenté de l’ordre de 2 à 4 % en moyenne pour les Français. Une hausse loin d’être négligeable, alors que la santé est déjà, et de loin, le premier budget d’assurance des ménages. Il est donc toujours plus difficile pour les assureurs de passer à des majorations trop fortes, au risque de se mettre hors jeu. « Le modèle économique devient vraiment compliqué. Il y a à la fois une croissance tendancielle des dépenses de santé et une vraie contrainte sur nos tarifs. Au fur et à mesure que notre portefeuille individuel se renouvelle, les marges diminuent », s’inquiète-t-on chez un important opérateur mutualiste.
Des possibilités de développement
La généralisation de la complémentaire santé d’entreprise
(ANI) au 1er janvier 2016 a aussi changé la donne. Une partie du marché de l’individuel – les salariés jusqu’alors couverts de leur côté et désormais obligés de prendre la couverture mise en place par leur employeur – s’est en effet reporté sur des couvertures collectives, même si l’onde de choc a été un peu moins forte qu’attendu. Le mouvement s’est traduit à la fois par une guerre des prix très forte sur le marché du collectif ouvert par l’ANI (essentiellement des petites PME et des TPE) et par une concurrence accrue autour des clients qui ne sont pas concernés par cette mesure. « Il reste sur le marché de l’individuelle des possibilités de développement. Nous visons plutôt les TNS, les retraités, les jeunes ou encore les ayants droit de salariés », détaille Stéphane Duroule, alors que MAAF a vu son chiffre d’affaires en santé individuelle diminuer d’environ 10 % l’an dernier, dans la foulée de l’ANI. En poussant la complémentaire santé, MAAF entend aussi davantage multiéquiper ses clients auto et habitation, un gage de plus grande fidélisation.
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