Le séquence méritait effectivement un « tweet-contrefeu », la petite spécialité d’Elon Musk.« Travaille sur le chapitre 2 du plan top secret de Tesla. Espère le révéler dans la semaine », écrivait dimanche le fondateur du constructeur californien. Ce dernier est en effet embarqué dans une série noire depuis l’annonce de ventes semestrielles inférieures aux prévisions, et surtout la révélation du premier accident mortel impliquant une Tesla en mode Autopilot. Dernier épisode, les autorités boursières américaines (SEC) ont ouvert début juillet une enquête pour savoir si le fabricant de voitures électriques n’avait pas« oublié » de lui communiquer le drame en tant qu’événement« important » susceptible d’influencer le cours du titre, a révélé le « Wall Street Journal » lundi.
La chronologie des faits ? Le 7 mai, la Tesla Model S de Joshua Brown, qui avait activé le système de conduite assistée, est écrasée par un poids lourd sur une autoroute de Floride. Le 16 mai, le constructeur avertit le régulateur de la route américain (NHTSA) – mais pas les autorités boursières, alors que la société place 1,5 milliard de dollars d’obligations sur les marchés le 17 et le 18 mai. Cinq semaines plus tard, Elon Musk etTesla lancent une OPA à 2,8 milliards sur SolarCity. Au final, le groupe s’épanchera sur l’affaire floridienne le 30 juin, via son blog.
« Les dégâts ont compliqué la remontée des données. Quand nous avons fini notre enquête et compris ce qui s’était passé, la levée de fonds avait déjà eu lieu », se défend aujourd’hui Tesla, désormais visé par trois enquêtes aux Etats-Unis : l’une sur un possible manquement à l’obligation d’informer les marchés, une autre sur le rôle de l’Autopilot dans le drame de Floride, et une dernière sur un autre accident (non mortel) en Pennsylvanie.
Sur le fond, Elon Musk estime avoir les faits en sa faveur. D’abord parce qu’il considère que le conducteur d’une Tesla en mode Autopilot est responsable de sa voiture, et demande à ses clients de garder les mains sur le volant, comme la loi l’exige.« L’Autopilot s’appelle comme ça en référence à l’autopilot des avions, où le pilote est toujours en alerte », twitte le dirigeant. Ensuite parce qu’il proclame que sa voiture est toujours la plus sûre de toutes : il y a en moyenne 11 morts par milliard de kilomètres parcourus aux Etats-Unis, rappelle-t-il. Avec un seul mort en 209 millions de kilomètres,« une Tesla Autopilot est déjà beaucoup plus protectrice que les autres voitures », affirme-t-il.
Encore en version bêta
Reste que le système de Tesla est encore en version bêta. Il n’aura que dans six mois un milliard de kilomètres à son compteur, le seuil statistique pour avoir les« données nécessaires mais pas suffisantes » à son fonctionnement idéal, juge Elon Musk. Ce qui a fait récemment dire au patron du KBA, le gendarme allemand de l’automobile, qu’il n’aurait pas, lui, validé l’usage public de l’Autopilot. De toute façon, c’est son homologue hollandais (Tesla est implanté entre Breda et Eindhoven) qui s’en est chargé pour l’ensemble de l’Europe.
Fonte: