Inconnue de la majorité des équipes de direction des groupes financiers il y a un peu plus d’un an, la « blockchain » est désormais présente dans tous les esprits. Et pour cause : outre le « buzz » que suscite cette technologie de registre distribué, initialement utilisée pour échanger de la monnaie cryptée comme le bitcoin, les directions des grands groupes financiers y décèlent un potentiel pour faire émerger de nouveaux modèles économiques et gagner en efficacité. C’est ce que révèle un sondage réalisé en mai dernier par Deloitte et l’Efma auprès de 3.000 dirigeants de banque et de compagnie d’assurances dans le monde.
« 92 % des dirigeants interrogés estiment que la “blockchain” aura un impact sur leur industrie ou leur métier. Pour 15 % d’entre eux, elle sera aussi à l’origine d’un fort bouleversement », détaille Julien Maldonato, directeur chez Deloitte. Pour ces dirigeants, la révolution est quasi imminente : 85 % estiment que l’utilisation de la « blockchain » devrait être généralisée d’ici à cinq ans. Le transfert d’argent à l’international pourrait être le premier métier à devoir s’adapter : 60 % des dirigeants interrogés estiment qu’il constitue la première application de la « blockchain », devant les systèmes de compensation et de règlement et les systèmes d’identification des clients et de lutte antiblanchiment.
Bouleversement à venir
Face à ce bouleversement à venir, plusieurs projets de place ont émergé. En France la Caisse des Dépôts a notamment rassemblé des acteurs de l’écosystème pour plancher sur des cas d’usage dans l’industrie financière. Mais seuls 17 % des personnes interrogées participent activement à de telles initiatives et 12 % seulement ont investi dans des start-up spécialisées dans la « blockchain » ou bien développent des pilotes applicatifs pour comprendre le potentiel de la technologie cryptée (voir ci-dessous). « A ce stade, il n’y a pas de projet généralisé à l’ensemble de l’activité d’une institution, de nombreux pilotes sont dédiés à des utilisateurs fictifs », précise Julien Maldonato. Cette phase exploratoire suscite de fait des réticences : « Il y a une certaine prudence des grands groupes à s’engager dans des projets exploratoires. D’abord parce que cette technologie n’est pas encore réglementée, mais aussi parce que sa gouvernance est partagée entre ses nombreux utilisateurs », explique Hugues Magron, associé chez Deloitte.
Pour accompagner ses clients du secteur financier face à cette vague qui grossit à vue d’oeil sans qu’ils sachent vraiment comment s’y préparer, Deloitte a noué un partenariat de trois ans avec Stratumn. En prenant à sa charge la complexité d’utilisation et de déploiement de la « blockchain » grâce à une couche logicielle, la plate-forme de cette jeune pousse française permet aux acteurs non initiés qui s’y connectent de réaliser tout type d’application basée sur la technologie à l’origine de la cryptomonnaie bitcoin.
Expertise
L’idée est donc de mettre cette expertise au service de nouveaux usages ou besoins que Deloitte identifierait auprès de ses clients du secteur financier, et ce dans des conditions de coûts et de faisabilité réalistes. « Notre métier traditionnel évolue, nous devons montrer aux entreprises que nous accompagnons que nous sommes capables de combiner des expertises pour leur fournir des solutions disruptives. Le premier pilote que nous avons monté avec Stratumn dans le domaine de la microassurance (voir ci-dessous) a vocation à l’illustrer », précise Hugues Magron. La jeune pousse va en outre former les premiers développeurs du cabinet qui ambitionne de disposer de 50 experts de la « blockchain » d’ici à deux ans.
Sharon Wajsbrot, Les Echos
Ninon Renaud, Les Echos
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