Le changement dans la continuité : AXA a dévoilé mardi un plan stratégique pour les années 2016-2020 dans la droite ligne du précédent. « Il a été fait sur une base prudente dans un environnement compliqué », explique aux « Echos » Thomas Buberl, le futur directeur général du groupe.

De fait, les grands objectifs financiers poursuivis par le deuxième assureur européen sont plutôt conservateurs par rapport à la période précédente. Sa nouvelle feuille de route, Ambition 2020, prévoit une croissance du résultat opérationnel par action de 3 à 7 % par an en moyenne et une rentabilité courante des capitaux propres (RoE) comprise entre 12 et 14 %. Dans son plan précédent, qui portait sur 2011-2015, AXA visait une progression de son résultat opérationnel par action de 5 à 10 % par an en moyenne et un RoE de 13 à 15 %.

La perspective d’un environnement de taux d’intérêt toujours bas pour les années à venir a pesé. Selon qu’ils resteront à leur niveau actuel ou qu’ils évolueront plus favorablement, leur impact annuel sur le résultat opérationnel ira ainsi de -5 % à -1 %, indique AXA.Pour compenser ces effets négatifs, l’assureur français va notamment enclencher un nouveau programme d’efficacité devant lui faire économiser 2,1 milliards d’euros, soit légèrement plus que sur les cinq dernières années (1,9 milliard d’euros).

Interrogé sur de possibles réductions d’effectifs, Thomas Buberl répond : « Il faudra regarder pays par pays. Notre Ambition 2020 est un projet de développement. Dans tous les cas, nous avons une pyramide des âges qui joue en notre faveur et qui nous donne des marges de manoeuvre pour recruter les compétences nécessaires à notre transformation », assure-t-il. « On peut s’attendre à avoir une stabilisation des effectifs au niveau du groupe et une baisse de 1 à 2 % par an en moyenne dans les pays européens », précise Gérald Harlin, le directeur financier.

Alors qu’il cherche à rapprocher l’expérience client des standards imposés par les Amazon ou Google (lire ci-dessous), AXA va aussi faire porter ses efforts sur son réseau de distribution. « Il y a deux types d’agents : ceux qui ont compris qu’il fallait se focaliser sur le futur et le client et ceux qui ne voient pas encore l’intérêt de s’adapter à la nouvelle donne, cela viendra ! J’estime que 20 % d’entre eux sont déjà très avancés et que la moitié est déjà en marche », détaille Thomas Buberl.

Pour accélérer la transformation de son modèle d’activité, AXA a par ailleurs prévu un budget d’investissement de 3 milliards d’euros sur la durée du plan.

Long terme

A la poursuite d’une « croissance sélective », il mise notamment sur l’assurance-santé et l’assurance des entreprises en dommages, avec l’objectif de faire augmenter leur chiffre d’affaires de 3 à 5 % par an en moyenne sur la période du plan. Autre marché prioritaire, l’Asie doit dégager un résultat opérationnel en hausse de 10 à 12 % par an. En épargne, dans les pays matures, AXA espère une hausse de la valeur des affaires nouvelles de 3 à 5 % par an.

Les années à venir devraient voir de nouvelles acquisitions, avec un budget d’environ 1 milliard d’euros par an. Dans la lignée de ce qu’il a fait dernièrement, AXA restera sur des « acquisitions sélectives ». Alors qu’il a par ailleurs quitté plusieurs marchés ces dernières années, l’assureur souligne « qu’un groupe global doit en permanence travailler sur son portefeuille ». Mais « nous raisonnons toujours à long terme. Faut-il par exemple sortir du Nigeria sous prétexte que le prix du pétrole est aujourd’hui très bas ? Ou de la Turquie et de la Pologne parce que la situation économique et réglementaire n’y est pas toujours simple ? Certainement pas », estime Thomas Buberl.

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