La forte chute des taux d’intérêt en 2015 n’a pas fait les affaires des institutions de prévoyance. Elle se traduit en effet pour ces organismes d’assurance porteurs d’engagements longs – sur des risques d’incapacité et d’invalidité, en particulier – par l’alourdissement de la charge des prestations futures et la nécessité de provisionner davantage. L’an dernier, ce phénomène a pesé au total à hauteur de 500 millions d’euros, selon des chiffres présentés lundi par le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).
Autre conséquence, « l’environnement de taux bas va enrichir le coût des garanties de prévoyance », prévient Bertrand Boivin-Champeaux, directeur prévoyance et retraite supplémentaire du CTIP.
Dans ce contexte, le résultat total dégagé par les institutions de prévoyance a été divisé par deux d’une année sur l’autre, à 99 millions d’euros, en 2015 contre 196 millions d’euros en 2014. Celles-ci ont cependant pu compter sur « une bonne année financière ». Leur ratio de Solvabilité I s’est maintenu à 6,2 fois l’exigence requise et leurs fonds propres ont augmenté de 1 %.
La charge de prestations est restée quasi stable (+0,1 %, à 12,4 milliards d’euros,) tandis que les cotisations ont baissé (-1,6 %, à 13,1 milliards d’euros). « Les institutions de prévoyance ont privilégié le maintien des équilibres techniques plutôt que la croissance du chiffre d’affaires », affirme Bertand Boivin-Champeaux.
« Concurrence exacerbée »
En santé, leurs cotisations n’ont ainsi progressé que très légèrement (+0,6 %, à 6,24 milliards d’euros) dans un contexte de « concurrence exacerbée » avant la généralisation des contrats collectifs (ANI) au 1er janvier 2016. « Beaucoup de nouveaux acteurs sont arrivés, souvent avec des prix relativement bas. Les institutions de prévoyance, elles, n’ont pas voulu aller sur le terrain du low-cost », assure Bertrand Boivin-Champeaux.
En prévoyance, leurs cotisations ont diminué de 3,5 %, à 5,95 milliards d’euros, après deux années de forte hausse. « Les réformes sur la santé [ANI, mise en conformité avec le nouveau contrat responsable, NDLR] ont fait que la prévoyance n’était pas au coeur des préoccupations des entreprises », explique Bertrand Boivin-Champeaux. Autre élément contraire, « certains secteurs, comme le BTP, par exemple, ont vu leur masse salariale baisser en 2015 », ajoute-t-il. La situation économique a aussi pesé sur l’activité de retraite supplémentaire (- 3,9 %, à 930 millions d’euros), indique le CTIP.
Laurent Thévenin, Les Echos
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