Anbang, roi chinois des fausses promesses ? Deux mois après le retrait en rase campagne de son offre de 14 milliards de dollars pour les hôtels Starwood, l’assureur chinois fait une nouvelle fois preuve de son manque de transparence. Il vient de retirer sa demande d’approbation de l’acquisition, pour 1,57 milliard de dollars, de son homologue américain Fidelity & Guaranty Life auprès du bureau compétent de New York. En cause, selon Dow Jones et Reuters, un défaut d’explications sur l’identité de ses actionnaires, et – tout aussi gênant – sur l’origine des fonds pour boucler l’opération.

Dans un communiqué, le bureau concerné de New York a précisé avoir engagé de nombreux échanges avec Anbang, mais que devant le manque de réponses aux demandes d’information, l’assureur chinois s’était vu indiquer qu’il ne pourrait pas obtenir le feu vert. Fidelity a, de son côté, estimé qu’il s’attendait à ce que son partenaire relance la procédure, afin de clôturer l’acquisition « aussi rapidement que possible ».

Défaut de garanties

Ce nouvel épisode ne va pas grandir la réputation d’Anbang. Dans l’affaire Starwood, l’assureur chinois a renchéri trois fois face à Marriott, avant de se retirer en mettant en avant « différentes considérations de marché ». A l’époque déjà, le manque de garanties pour crédibiliser l’offre avait été mis en avant. Wu Xiaohui, son président, avait pourtant affirmé avoir les moyens de ses ambitions.

Le très sérieux magazine économique « Caixin » avait affirmé de son côté que le régulateur chinois de l’assurance avait mis le holà, invoquant un règlement interdisant à un professionnel du secteur toute acquisition étrangère dépassant 15 % de ses actifs. Selon certaines sources, ce règlement n’était qu’un alibi pour bloquer une opération jugée à Pékin bien trop chère compte tenu du faible niveau de synergies potentielles.

Fondé en 2004, Anbang a connu une très forte progression au point de devenir un véritable conglomérat oeuvrant dans l’assurance, la banque, l’immobilier ou l’hôtellerie. Le groupe compterait une trentaine d’actionnaires plus ou moins liés dans une cascade de holdings difficilement pénétrable. Il a frappé un grand coup en février 2015 en raflant les clefs du Waldorf Astoria de Manhattan pour près de 2 milliards de dollars.

Alain Ruello, Les Echos
Correspondant à Pékin

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