Elle affichait un taux garanti de 4 % il y a vingt ans. Aujourd’hui, l’assurance-vie allemande promet à ses nouveaux clients un rendement de 1,25 %. Mais pour le ministère des Finances, même ce niveau nettement moins attractif risque de mettre en danger la stabilité du secteur, affaibli par les taux bas.
Selon un porte-parole, le gouvernement veut baisser à 0,9 % le taux plancher que les sociétés d’assurance-vie peuvent proposer à leurs clients. Du jamais-vu. Un décret doit être modifié et entrer en vigueur le 1er janvier 2017. « L’adaptation tient compte du fait que la phase de taux faibles se prolonge et reflète les rapports de force en puissance, selon le ministère. Dans le même temps, l’abaissement du taux sous 1 % envoie le signal clair que les assureurs-vie doivent calculer leurs réserves de manière encore plus prudente. »
Le gouvernement, qui se laisse la possibilité de revoir le taux à nouveau cette année, ne veut pas être contraint de sauver les assureurs comme il a sauvé les banques lors de la crise financière. Il y a deux ans, la Bundesbank, la banque centrale allemande, avait averti que dans un scénario de stress avec un environnement prolongé de taux bas, « plus d’un tiers des assureurs-vie allemands ne seraient pas capables de remplir les critères de fonds propres » d’ici à 2023. Depuis, les taux d’intérêt n’ont pas augmenté, mais au contraire baissé…
Pour la Fédération de l’assurance (GDV), la décision du gouvernement va trop loin. En moyenne, les assureurs-vie ont offert à leurs nouveaux clients un taux garanti de plus de 2 % en 2015. Par ailleurs, les délais pour un changement au 1er janvier 2017 paraissent trop serrés car il faut tout recalculer, fait valoir la GDV. Selon la presse, la Fédération des actuaires avait conseillé de laisser le taux plancher inchangé et de l’abaisser à 1 % en 2018. Signe des différences entre acteurs, Allianz a souligné que ses clients se détournent de toute façon de cet ancien produit vedette. Etant donné les rendements d’autres placements, « on ne peut pas recommander » l’assurance-vie à taux garanti.
Thibaut Madelin, Les Echos
Correspondant à Berlin
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