C’est un mariage entre égaux qui a marqué une industrie de l’assurance gagnée par la course au gigantisme. Mais ce ne sera qu’« à partir de 2018 » qu’on verra les pleins effets du rapprochement entre Willis, le troisième courtier d’assurances mondial, et le cabinet de conseil américain Towers Watson, explique aux « Echos » John Haley, PDG de la nouvelle entreprise Willis Towers Watson. « Nous n’en sommes qu’au tout début – l’opération n’a été bouclée que le 4 janvier – et nous avons un plan de marche sur trois ans. Globalement, tout se passe conformément au plan », souligne l’ancien patron de Towers Watson. Il s’agit en fait de rapprocher trois compagnies, avec la prise de contrôle à 100 % de Gras Savoye par Willis, rappelle-t-il. « En France, les opérations de Towers Watson – qui sont de taille relativement modestes – ont vocation à être rapprochées de Gras Savoye », indique John Haley.
Quel est l’intérêt de cette fusion ?
Avec Dominic Casserley [l’ancien patron de Willis et aujourd’hui PDG adjoint de Willis Towers Watson, NDLR], nous nous sommes aperçus que nos deux entreprises allaient dans la même direction. Chez Towers Watson, nos clients attendaient davantage de produits et de solutions, en plus de nos prestations de conseil. A l’inverse, les clients de Willis étaient demandeurs de davantage de capacités analytiques et de conseil. Cela faisait donc sens de nous rapprocher.
Quelles synergies en attendez-vous ?
Nous visons entre 100 et 125 millions de dollars d’économies d’ici à fin 2018. Il y aura des synergies au niveau immobilier et de certaines des fonctions centrales. L’impact sur l’emploi sera limité, car il y a peu de doublons entre les deux groupes. Il y a aussi un volet fiscal, puisque notre nouvelle compagnie est domiciliée en Irlande, où les impôts sur les sociétés sont plus bas qu’à Londres ou à New York. Enfin, nous attendons évidemment des synergies de revenus. Aux Etats-Unis, par exemple, Towers Watson opère une plate-forme sur laquelle les entreprises permettent à leurs salariés et retraités de choisir une couverture santé dans le cadre de l’Obamacare. Comme Willis est très présent sur le « middle market », cela devrait nous permettre de vendre davantage de contrats sur cette plate-forme. Des synergies sont aussi possibles en assurance-dommages et responsabilité civile. Willis est un acteur important aux Etats-Unis, mais il ne touche pour autant que 3,5 % du marché américain pour ces activités. Towers Watson ayant des contacts avec 85 % du marché, cela lui ouvre davantage de perspectives.
Vous visez une croissance à deux chiffres en 2016. D’où viendra-t-elle ?
Les activités de Willis et celles de Towers Watson doivent toutes les deux générer une croissance à deux chiffres. Dans les années à venir, les impacts les plus visibles se verront dans les pays où Towers Watson et Willis sont déjà très présents, comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou dans beaucoup de pays d’Asie.
Votre développement passera-t-il par d’autres acquisitions ?
Sur le long terme, je suis sûr que cela restera le cas. Mais pour les dix-huit mois à venir, nous allons nous concentrer sur la réunion de nos trois entreprises.
La concentration du marché de l’assurance et de la réassurance est-elle une bonne chose ?
Oui, à partir du moment où cela permet de faire émerger des groupes avec des réseaux globaux et complets. Pour un courtier comme Willis Towers Watson, il est plus facile de dialoguer avec des entreprises globales.
Le mouvement de baisse des prix de la réassurance et de l’assurance va-t-il se poursuivre ?
Je ne vois toujours pas de signe d’inflexion, étant donné qu’il y a toujours un afflux de nouvelles liquidités sur le marché de l’assurance. En attendant, des prix bas sont évidemment profitables pour nos clients, d’autant plus que le marché de l’assurance reste robuste.
Comment abordez-vous la perspective d’un éventuel Brexit ?
La Grande-Bretagne est un pays important pour Willis Towers Watson (de 20 à 25 % de nos revenus). Quelle que soit l’issue du vote, je pense que cela restera un marché attractif.
Laurent Thévenin, Les Echos
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