Dans l’industrie financière américaine, la grande taille est désormais vue comme une fragilité. C’est avec cette grille de lecture que l’investisseur activiste Carl Icahn a choisi sa dernière victime : le géant de l’assurance américain AIG, renfloué à hauteur de 185 milliards de dollars pendant la crise. Entré au capital de l’assureur à l’automne aux côtés de l’investisseur John Paulson, le célèbre activiste mène une croisade pour obtenir la scission du groupe en trois morceaux. Objectif ? Le faire maigrir afin de lui éviter les contraintes réglementaires et prudentielles liées à son statut d’établissement « systémique » (de nature à mettre en danger l’industrie financière dans son ensemble en cas de crise). Carl Icahn possède environ 3,4 % du capital, ce qui fait de lui le cinquième actionnaire du groupe. Son acolyte John Paulson aurait acquis de son côté 1 % du capital.
Jusqu’ici, son lobbying a été relativement sans effet. Mais un concurrent d’AIG est depuis venu apporter de l’eau à son moulin. L’assureur Metlife a en effet annoncé mi-janvier son intention de scinder une partie de son activité d’assurance aux Etats-Unis, précisément pour échapper au statut d’établissement « systémique ». « Nous pensons qu’une compagnie indépendante serait plus compétitive et générerait de meilleurs revenus pour les actionnaires », a expliqué le PDG de Metlife, Steven Kandarian, à propos de l’activité scindée. Depuis, l’action Metlife surperforme de 10 % les indices du secteur.
Le patron d’AIG sous pression
Sous pression, Peter Hancock, le patron d’AIG, n’entend pas néanmoins dévier de sa trajectoire. La présentation des résultats, ce mardi, qui doit être l’occasion d’un point sur la stratégie, devrait pour l’essentiel lui permettre de redire son opposition au scénario du big bang défendu par l’activiste.
Depuis son sauvetage au pire de la crise, l’assureur s’est en effet déjà beaucoup transformé, se délestant de plus de 90 milliards de dollars d’actifs allant du leasing d’avions au crédit à la consommation. Redevenu rentable, AIG estime pouvoir faire face aux nouvelles normes, qui ne sont pas encore complètement arrêtées par la Fed. Selon les analystes, le groupe craint en outre de perdre avec un découpage certains avantages fiscaux hérités de la crise.
AIG entend donc se concentrer sur la réduction des coûts (de 1 à 1,5 milliard d’ici 2017) et céder quelques actifs. Vendredi, des rumeurs lui prêtaient l’intention de coter son activité d’assurance-crédit (valorisée entre 3 et 6 milliards de dollars), et de vendre une petite activité de conseil financier (valant quelques centaines de millions de dollars). Un plan qui relève plus de la stratégie du « coupe-ongles » que de celle de la « machette », selon les propres termes de Peter Hancock.
Il est peu probable toutefois que cela suffise à contenter Carl Cahn. La semaine dernière, dans un courrier aux administrateurs d’AIG, l’investisseur est monté d’un ton. Il accuse le groupe d’avoir publié de fausses informations et l’état-major de vouloir protéger son bonus en refusant son plan…