Les assureurs ne devraient pas avoir la main trop lourde en 2016. D’après les données compilées par « Les Echos », l’heure est à la modération tarifaire, particulièrement en automobile et en santé.

Auto : des hausses réduites au minimum, voire des baisses

Certains assurés auront une bonne nouvelle en recevant leur appel de cotisations. Pour la première fois depuis des années, des opérateurs annoncent en effet des tarifs en baisse. C’est le cas de la Macif (- 0,3 % en moyenne, hors effet bonus), le premier assureur auto français par le nombre de contrats, et d’Amaguiz (- 1 % en moyenne). Avant eux, la Maif et la Matmut avaient annoncé cette accalmie en n’augmentant pas leurs tarifs. Au global, les revalorisations se tiennent dans un mouchoir de poche, n’allant pas au-delà de + 1,7 %.

« Cela n’est possible que si l’on a une assise solide. Depuis 2012, nous nous sommes attachés à rétablir nos fondamentaux économiques et techniques. Et c’est sur la base de ces fondamentaux restaurés que nous pouvons accompagner nos sociétaires dans un contexte de pouvoir d’achat tendu », explique Jean-Philippe Dogneton, directeur général délégué du groupe Macif, chargé du pôle dommages (IARD). Sur le plan de la sinistralité, « l’année n’est pas mauvaise sans être particulièrement bonne non plus », souligne pour sa part Stéphane Dessirier, directeur général du groupe MACSF. Reste cependant un point noir qui inquiète les assureurs : l’inflation persistante du coût des préjudices corporels.

Cela dit, il leur devient plus difficile de passer des majorations trop importantes (« Les Echos » du 22 octobre). Les assureurs commencent en effet à ressentir les effets de la loi Hamon sur la résiliation des contrats à tout moment. « Les clients sont plus sensibles aux hausses de tarifs et plus réactifs », confirme Pierre François, directeur général de Swiss Life Assurances de Biens. « Les politiques tarifaires sont très basses. Nous restons nous-mêmes sur un schéma assez agressif, avec une hausse moyenne de 0,5 % sur notre portefeuille », ajoute-t-il.

Dans ce contexte tendu, l’enjeu pour les assureurs est d’exploiter au mieux leur portefeuille (lire ci-contre). « Parler de moyenne a moins de sens qu’auparavant. Il y a une différenciation croissante des revalorisations. Les bons risques, les clients fidèles et multiéquipés pourront voir leur prime baisser. Les autres ne bénéficieront pas de ces avantages tarifaires », souligne Tanguy Le Maire, chargé de la clientèle des particuliers chez Generali France. Le groupe appliquera une hausse moyenne de 1,5 % sur son portefeuille.

Habitation : un rattrapage sans à-coup

 

Sans surprise, les tarifs vont à nouveau augmenter, mais plutôt modérément. A l’exception de la Maif, qui a gelé ses prix, les hausses moyennes tournent autour de 3 % chez beaucoup d’entre eux. « Il est illusoire de penser qu’on puisse aller vers une stabilisation alors que la charge sinistre croît de l’ordre de 3 à 4 % par an », affirme Jean-Philippe Dogneton. Les assureurs doivent en effet tenir compte de la récurrence des événements climatiques – même si l’exercice 2015 est pour l’instant moins coûteux que les précédents sur ce plan. Plus largement, « les fondamentaux ne dénotent pas une franche amélioration », constate Tanguy Le Maire.

Il s’agit donc pour les assureurs de poursuivre sans à-coup le rattrapage nécessaire sur une branche déficitaire et marquée par des niveaux de primes encore assez bas. Comme en auto, tous les assurés ne seront pas forcément logés à la même enseigne. « Nous n’allons pratiquement pas augmenter les appartements, mais majorer de 3 % en moyenne les maisons individuelles », annonce Stéphane Dessirier.

Santé : des politiques agressives

Le contexte semble plutôt favorable aux assurés. Du fait de la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise, obligatoire à partir du 1er janvier 2016, le marché de l’assurance individuelle va se réduire. D’où une bataille acharnée autour des clients qui ne sont pas concernés par cette mesure (travailleurs non salariés, professionnels et retraités, en tête). « Nous visons la consolidation de nos positions sur les seniors, les TNS et les fonctionnaires », illustre-t-on chez Generali, qui fait état d’une hausse « modérée » de 2,5 %. Dans l’ensemble, les acteurs interrogés par « Les Echos » – historiquement positionnés sur la clientèle individuelle – affichent pour 2016 des politiques conquérantes (pas d’augmentation chez MMA ou la MACSF, + 0,9 % à la Macif, + 1 % chez MAAF, par exemple). Il n’en reste pas moins que « les dépenses des complémentaires santé augmentent un peu plus que l’Ondam [objectif national des dépenses d’assurance-maladie]  », souligne-t-on chez Swiss Life, qui répercutera une hausse de l’ordre de 3 % à 4 % en moyenne