C’est une belle impression d’ensemble que laissent les principaux assureurs européens ayant déjà publié leurs résultats semestriels. Les chiffres avancés vendredi par le géant allemand Allianz (lire ci-dessous) confirment que l’industrie s’en sort toujours bien malgré un environnement de taux d’intérêt bas persistant. Seul Zurich Insurance Group, le quatrième assureur européen, a déçu les investisseurs avec un résultat net en repli de 3 %.
Sauf exception, les grands du secteur ont été au rendez-vous sur le plan des résultats opérationnels. Le faible coût des catastrophes naturelles sur les six premiers mois de l’année a évidemment beaucoup aidé ceux ayant une forte activité en assurance-dommages. Mais l’accent grandissant mis sur la vente de produits d’assurance-vie en unités de compte ou de prévoyance-santé, qui apportent aux compagnies de meilleures marges que le fond général d’épargne, prouve aussi son bien-fondé. Au rayon des moteurs, « l’assurance-vie en Asie a donné de très bonnes performances », note Thomas Jacquet, analyste chez Exane BNP Paribas.
« Les résultats tirés des produits financiers ont souvent été supérieurs aux attentes, du fait d’importantes réalisations de plus-values », signale par ailleurs Benoît Valleaux, analyste chez Natixis, alors que les assureurs ont généralement dégagé des profits en hausse.
Nouvelles règles prudentielles
Dans ce contexte, la tendance est à des rendements des fonds propres (RoE) d’un niveau toujours intéressant. A quelques mois de la fin de son plan stratégique, AXA affichait ainsi à fin juin un RoE courant de 16,1 %, certes en légère baisse par rapport au premier semestre 2014, mais toujours au-dessus de l’objectif poursuivi. Le secteur semble aujourd’hui bien armé pour passer aux nouvelles règles prudentielles de Solvabilité II le 1er janvier prochain. « La bonne surprise, c’est que les ratios de Solvabilité II sont meilleurs que prévu, bénéficiant notamment de la remontée des taux au deuxième trimestre », souligne Benoît Valleaux.
Dans les mois qui viennent, les assureurs vont surtout être attendus sur leur capacité à générer davantage de croissance du chiffre d’affaires – les progressions affichées au premier semestre ont été nourries par des effets de change importants. « La plupart d’entre eux ont déjà amélioré leur mix produit, retarifé leurs produits, réduit leurs coûts. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. La progression des résultats va donc devoir passer par la croissance du chiffre d’affaires plus que par les marges », explique Thomas Fossard, analyste chez HSBC. Et ce d’autant plus, vu le contexte de taux faibles.
Reste à voir si cela poussera certains à se lancer dans des opérations de croissance externe. Alors que Zurich étudie la possibilité de faire une offre sur son concurrent britannique RSA, les observateurs parient plutôt sur des acquisitions de complément ou dans les pays émergents.