Le vent tourne en faveur de l’offre hostile d’Exor dans la réassurance. Pour la première fois depuis trois mois, le conseil de PartnerRe, le réassureur américain basé aux Bermudes, a reconnu, le 21 juillet, que la dernière offre présentée par le holding présidé par John Elkann «  pourrait raisonnablement se révéler supérieure à celle d’Axis ».

Même si le conseil du réassureur présidé par le français Jean-Paul Montupet continue à recommander à ses actionnaires de voter, le 7 août, pour son projet de fusion avec Axis Capital, annoncé en janvier, il s’est déclaré prêt à engager des négociations avec Exor et à lui ouvrir ses comptes (« due diligence ») en vue d’obtenir une amélioration ultérieure de son offre de 6,8 milliards de dollars. A moins de trois semaines du vote des actionnaires de PartnerRe, l’avis de l’agence en conseil de vote (« proxy advisor ») Institutional Shareholder Service (ISS), qui devrait être publié vendredi, sera déterminant pour l’attitude des investisseurs institutionnels.

«  C’est un signal important qui ouvre de nouvelles perspectives en vue du vote du 7 août », indiquait-on mercredi de source proche du dossier. A l’origine de l’ouverture : la décision du holding des Agnelli d’offrir un dividende extraordinaire de 3 dollars par action aux détenteurs d’actions ordinaires (environ 60 % du capital), la sixième révision depuis le 15 avril qui porte ainsi son offre à 140,50 dollars par action. Toutefois, le plan d’Exor prévoit que ce dividende extraordinaire sera à la charge de PartnerRe et sera versé avant le « closing » de l’opération.

Grandes manoeuvres en vue

Malgré cette relance, le réassureur maintient sa préférence pour la fusion avec Axis, qu’il juge encore «  supérieure en valeur, termes et certitude de conclusion par rapport à la proposition actuelle ».

 

Déjà, le 7 juillet, Exor avait fait un geste en direction des actionnaires privilégiés en leur garantissant un point de plus de ratio de dividende et une « call protection » jusqu’en 2021. A son actif, le fait qu’Exor bénéficie des conseils du banquier Byron David Trott (ex-Goldman Sachs), proche du milliardaire Warren Buffett, pourrait être déterminant aux yeux des grands investisseurs américains.

D’autant que l’annonce du franchissement de seuil de 5 % du fonds de Chicago, Harris Associates, dans le capital d’Exor, en début de semaine, est analysé comme un signal positif. Certains analystes s’étonnent du lancement d’une opération hostile dans un secteur en haut de cycle. Mais d’autres y voient aussi un levier éventuel sur le marché américain en vue des grandes manoeuvres pour la fusion FCA-GM dans l’automobile, le grand dessein de Sergio Marchionne. 

Pierre de Gasquet, Les Echos
Correspondant à Rome