Taux d’intérêt très bas, contraintes des futures règles prudentielles de Solvabilité II, attentes et comportements changeants des consommateurs… Le nouveau plan stratégique d’Aviva France à horizon 2020 se veut « une réponse aux questions que se posent les assureurs », estime Nicolas Schimel, son directeur général.

Comme ses concurrents, Aviva France cherche en particulier à « transformer [son] fonds de commerce » d’assurance-vie, historiquement assis sur les fonds en euros, et à « le diversifier ». Une nécessité alors que la garantie du capital offerte par les fonds en euros – investis pour l’essentiel en obligations – coûte très cher aux assureurs en termes de fonds propres à immobiliser, et que le niveau plancher des taux entretient l’érosion des rendements servis aux épargnants.

Une belle carte à jouer

L’objectif affiché par la filiale française du groupe britannique est que 90 % de ses clients en assurance-vie soient équipés avec un autre produit que le fonds en euros d’ici à cinq ans, contre 50 % aujourd’hui. Aviva France espère évidemment les faire basculer vers les unités de compte (investies en actions) ou le nouveau produit euro-croissance. Dans cette optique, il mise aussi beaucoup sur la prévoyance. Et il aurait une belle carte à jouer, selon Nicolas Schimel : «  Nous sommes sous-développés sur cette activité et le marché français ne tourne pas encore à pleine capacité. » Pour Aviva France, il s’agit de tripler la valeur de ses affaires nouvelles en prévoyance d’ici à 2020, avec l’ambition de figurer dans le Top 5 (hors groupes bancaires) en assurance-emprunteur.

En assurance-dommages, l’objectif du groupe est d’avoir en 2020 plus de 1.000 agents généraux réalisant plus de 50 % de leur activité sur les professionnels, les entreprises et les agriculteurs. Aujourd’hui, ses quelque 900 agents font 40 % de leurs affaires sur ces clients. Avec la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise, l’assureur a déjà pris pied sur le marché du petit collectif. « Nous avons fait 2.000 affaires nouvelles sans trop perdre sur la partie individuelle », indique Nicolas Schimel.

Combler son « retard »

Au total, l’assureur vise une croissance de 5 % par an en dommages. Le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes) doit, lui, être ramené de 96,9 %, à fin décembre 2014, à 95 % –  « la nouvelle norme » d’après Nicolas Schimel, dans un contexte où les assureurs ne peuvent plus trop compter sur les produits financiers pour faire leurs résultats.

Pour soutenir ces ambitions commerciales, l’assureur entend combler son « retard » en matière de multi-accès. « Nous partons de loin », reconnaît Gilles Scaramiglia, directeur multi-accès d’Aviva France. A l’horizon 2020, le groupe table sur 30 % d’affaires nouvelles en assurance de particuliers issues d’Internet. Aujourd’hui, de 1 à 2 % seulement de ses contrats proviennent du site Aviva.fr. Il attend aussi une croissance de 15 % par an pour sa filiale d’assurance directe Eurofil.