En moins de trente ans, XL Group s’est frayé une place grandissante sur le marché de l’assurance et de la réassurance mondiale. Le rachat récent de son concurrent Catlin Group pour quelque 4 milliards de dollars, lui fait passer un nouveau cap. Cette opération fait émerger un acteur pesant 10 milliards de dollars de primes nettes et 17 milliards de dollars de capitaux (sur la base des chiffres à fin 2013). Un mois après le début des opérations sous le nom de XL Catlin, Mike McGavick, directeur général du groupe basé à Dublin et coté à New York, revient sur les raisons de cette acquisition.

Il y a deux ans, vous n’envisagiez que des acquisitions de complément. Pourquoi avoir fait une opération transformante en rachetant Catlin ?

Il y a aujourd’hui cinq grandes tendances sur le marché de l’assurance qui rendent la taille plus importante : la globalisation, l’analyse des données, la concentration du monde du courtage, l’afflux de capitaux alternatifs dans la réassurance et les changements réglementaires. Les entreprises et leurs courtiers veulent aussi avoir des assureurs capables de porter plus de risques. Ce qui suppose donc d’avoir un bilan plus gros mais aussi d’opérer à plus grande échelle afin d’être plus compétitif.

Que vous apporte Catlin ?

C’était une opportunité unique. C’est le premier syndicat du Lloyd’s, qui est la principale place de l’assurance spécialisée (marine, aviation, énergie, etc.). Or, c’est sur les risques de spécialités que nous voyons aujourd’hui des besoins croissants. Avec Catlin, nous sommes devenus le numéro trois mondial pour les risques spatiaux ou l’assurance des oeuvres d’art, le cinquième pour les risques politiques et la couverture gestion de crise. Nous formons aussi le huitième réassureur mondial sur un marché en pleine concentration.

Quel est l’intérêt d’être à la fois un assureur et un réassureur ?

Cela nous permet d’avoir un terrain de jeu plus grand. Certaines entreprises, notamment celles qui ont des captives d’assurance, aiment bien avoir le choix en termes de réassurance. Cela nous donne par ailleurs une vision en profondeur du marché. C’est enfin intéressant au niveau des fonds propres puisque cela entraîne une plus grande diversification des risques.

Y a-t-il beaucoup de doublons entre les deux groupes ?

Nous sommes, en fait, plutôt très complémentaires. Par exemple, XL est un acteur important sur les programmes internationaux, alors que Catlin n’offraient pas ce genre de produit aux entreprises multinationales. En Europe, nous ne sommes pas non plus exactement sur les mêmes activités.

 

Avez-vous atteint la taille critique ?

Nous n’avons la taille voulue que sur deux lignes d’activités : la couverture du risque lié au vent aux Etats-Unis et la responsabilité civile des dirigeants (D&O) pour les grandes entreprises cotées américaines. Partout ailleurs, nous ne sommes pas encore là où nous voudrions être. C’est le cas en France, par exemple. Nous assurons déjà 32 entreprises du CAC 40 et de très nombreux grands groupes, mais nous sommes en pleine évolution en ce qui concerne nos produits et nos services.

D’où viendra la croissance dans les années à venir ?

De partout. Nous misons évidemment beaucoup sur les pays émergents, et nous sommes déjà très présents en Asie. Mais il y a encore aussi beaucoup à faire dans les pays développés. Souvenez-vous de l’ouragan Sandy, qui a touché New York en 2012 : c’est l’un des endroits avec le plus fort taux de pénétration de l’assurance au monde, et pourtant les pertes assurées n’ont représenté que la moitié des dommages économiques totaux !

Quel est le plus grand défi pour le secteur de l’assurance ?

L’innovation, sans aucun doute. Prenons le « cyber risk » par exemple. C’est un risque émergent avec des solutions périphériques parce que personne n’est encore capable d’en mesurer les conséquences financières. C’est pour mieux adresser les risques les plus complexes que nous venons de lancer un fonds de capital-risque afin d’investir dans des entreprises susceptibles d’ouvrir de nouveaux horizons à l’assurance. 

Laurent Thévenin, Les Echos