La première place financière mondiale, Londres, est aussi celle qui compte en Europe la plupart des grands « hedge funds ». Sept patrons de fonds (Crispin Odey, Alan Howard, Michael Platt, etc.) disposent aujourd’hui chacun d’une fortune supérieure à 1 milliard de livres sterling. Ils sont 4 de plus qu’en 2014, selon le classement annuel du « Sunday Times ». Ce ne sont pas des inconnus, loin s’en faut. Ils oeuvrent dans le monde alternatif depuis quinze à vingt-cinq ans et gèrent des sommes importantes, de 10 à 30 milliards de dollars.
Parmi ceux qui ont intégré la liste des milliardaires, Crispin Odey a vu sa fortune plus que doubler, pour atteindre 1,1 milliard de livres grâce à ses bonnes performances sur les actions, sa spécialité. En tête du classement, à égalité avec 1,5 milliard de livres chacun, figurent deux stars du monde alternatif, Alan Howard (Brevan Howard) et Michael Platt (BlueCrest). Pourtant, leurs performances ont été loin d’être satisfaisantes l’année passée. Seulement, ils détiennent des participations très importantes dans leurs fonds, de telle sorte que même une année médiocre en termes de rendement leur assure des revenus plus que confortables si tant est que la masse de capitaux augmente. L’intégralité de leur fortune est en effet investie dans leurs fonds, et progresse avec la croissance des capitaux (entrées d’argent des clients) et les rendements délivrés. Un « hedge fund » se rémunère en prélevant de 1,5 % à 2 % du montant des capitaux gérés, et 20 % à 25 % des rendements qu’il parvient à générer. Des bénéfices ensuite investis dans leurs fonds et qui font « boule de neige ».
Les 25 plus grands gérants de « hedge funds » anglais ont vu leur fortune croître de 1,8 milliard de livres en 2014, pour totaliser près de 15 milliards de livres. Parmi les autres heureux élus du club des milliardaires, figurent des gérants qui étaient sur la bonne stratégie au bon moment. C’est notamment le cas de David Harding, dont la société de gestion quantitative, Winton, est spécialisée sur le suivi de tendances sur les marchés ou « CTA ». Après des années de performances décevantes, cette stratégie s’est redressée grâce notamment à la politique de soutien de la BCE et ses effets durables sur tous les marchés (hausse des Bourses, baisse des taux, repli de la monnaie unique…).
Ces salaires et niveaux de richesse sont toutefois sans commune mesure avec ce que gagne un gérant de « hedge » anglais « typique ». En effet, selon la firme Emolument, en 2014, un gestionnaire a gagné 175.000 livres – dont 85.000 de bonus – contre 250.000 deux ans plus tôt. La multitude de petits fonds alternatifs de 50 à 500 millions de dollars qui gravitent sur la place londonienne survivent plus qu’ils ne prospèrent, dans un contexte de frilosité des investisseurs. Ces derniers préfèrent confier leur argent à des « hedge funds » bien établis et confirmés, disposant déjà de capitaux importants (au moins 5 milliards de dollars). Les quelques lancements de nouveaux fonds réussis concernent les gérants très confirmés. C’est notamment le cas de Chris Rokos (400 millions de livres de fortune), un ancien de Brevan Howard parti monter son propre fonds. Un futur candidat au club des milliardaires anglais.