Début de semaine difficile et année mouvementée en vue pour Coface. Le gouvernement a, en effet, fait savoir lundi qu’il envisageait de retirer à l’assureur-crédit français l’activité de gestion des garanties publiques à l’export pour la confier à la banque publique d’investissement bpifrance. Ceci afin de rassembler sous un même toit ses outils de financement destinés à doper les exportations des entreprises françaises. A Bercy, la décision n’est pas encore officiellement prise, mais la réflexion « sur l’avenir du dispositif des garanties publiques à l’export, qui concerne plus de 12.000 exportateurs français » est bien engagée. Elle devrait aboutir avant la fin de l’année. Pour Coface, détenu à 41 % par le groupe bancaire BPCE, l’annonce a fait l’effet d’une douche froide.
Lundi à Paris, le titre de l’assureur-crédit, introduit en Bourse en juin dernier, a dégringolé de 6,13 %, à 10,653 euros. En cause pour les investisseurs, l’incertitude sur l’arbitrage final de l’Etat et la perte de revenus induite si l’assureur devait perdre cette mission historique. Au titre de ses activités réalisées pour le compte de l’Etat, Coface a perçu 59,9 millions d’euros en 2014, soit environ 4 % de son chiffre d’affaires. Mais surtout, certains craignent d’autres effets collatéraux : « Au-delà des impacts économiques directs, les investisseurs craignent l’impact d’image pour Coface, le mandat de garantie export public a contribué à son image de marque à l’étranger », explique une spécialiste du secteur. C’était d’ailleurs pour remplir cette mission que l’assureur-crédit avait vu le jour sous le nom de « Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur » en 1946. Désormais, « Coface va engager avec l’Etat des discussions qui porteront sur la pertinence d’un tel choix ainsi que sur les conséquences juridiques, sociales, financières et opérationnelles de cette orientation ». Autrement dit, des compensations financières pourraient être versées à l’assureur.
Pour l’exécutif, le moment semble particulièrement propice pour rebattre les cartes de son dispositif export puisque la convention qui régie le mandat confié à Coface arrive à échéance en fin d’année. Il s’agira donc pour Bercy d’imaginer un dispositif qui pourra être mis sur pied d’ici là et qui s’intégrera dans la palette de produits de bpifrance. Le Medef a d’ores et déjà été convié à plancher sur le sujet à Bercy la semaine prochaine.
Renforcer le rôle de bpifrance
Si les ambitions de l’exécutif devaient se concrétiser, cela viendrait sensiblement renforcer le rôle de bpifrance à l’international dans la logique des missions qui lui ont été confiées en 2013, lors de la création du label « bpifrance export ». Pour mémoire, elle avait alors resserré ses liens avec le réseau d’Ubifrance (désormais désigné sous le nom de « Business France »).
Concrètement, pour être en mesure d’assurer des garanties similaires à celles de Coface, en devises étrangères – un exercice inédit pour la banque publique – bpifrance envisage d’accueillir l’ensemble des 350 salariés, chargés de ce mandat public à Coface, dans ses murs. « Ce n’est pas une création ex nihilo, mais il s’agit bien de transférer toutes les procédures à l’identique », explique une source proche. Un nouveau dispositif qui doit néanmoins encore faire ses preuves : « Tout ce qui vise à simplifier l’offre de financement publique va dans le bon sens mais ce dispositif de guichet unique devra prouver son efficacité », souligne Thibault Lanxade au Medef.
S. W. et L.Th., Les Echos
Depuis 1946, Coface gère cinq garanties publiques à l’exportation pour le compte de l’Etat : l’assurance-crédit export, qui couvre les risques commerciaux ; la garantie des investissements réalisés par une entreprise avant de lancer une production à l’étranger ; l’assurance prospection pour les PME et ETI, qui veulent exporter ; la garantie des cautions bancaires, qui couvrent le préfinancement de l’export ; l’assurance de change pour les entreprises exposées aux devises.