Cette année, c’est simple. Les quelque 2.500 participants du 45e Forum économique mondial, qui débute ce matin dans la station de ski de Davos, en Suisse, débattront du « nouveau contexte mondial ». Quand il a choisi le titre de l’édition 2015 avec son équipe, le fondateur du Forum, Klaus Schwab, toujours aux manettes à 76 printemps, n’avait bien sûr pas en tête les tueries qui ont eu lieu à Paris il y a deux semaines. Mais il entendait tirer la sonnette d’alarme, au moment où les gouvernants et les patrons des grandes entreprises des pays développés espèrent sortir enfin de la crise financière, qui a plombé leurs pays depuis sept ans. La géopolitique ? Emerge en ce moment « un nouveau désordre mondial ». Les nouvelles technologies, célébrées depuis vingt ans à Davos ? « Chaque secteur va être obligé de changer de “business model”. » L’économie ? « La croissance mondiale était de 5 % l’an avant 2008. Désormais, elle dépasse à peine 3 %. C’est très différent pour la création d’emploi, l’inclusion sociale, le budget, la dette. »
Le programme du Forum 2015 a été bâti autour de ces interrogations. Ce matin, après une séance de méditation « pleine conscience » pour les courageux à 8 heures, on cause robotique extrême, paysage numérique, volatilité financière. Les chefs d’Etat ou de gouvernement interviendront à partir de cet après-midi – Matteo Renzi, président du Conseil italien, Petro Porochenko, président de l’Ukraine, Ahmet Davutoglu, Premier ministre turc, Li Keqiang, Premier ministre de la Chine (qui envoie sa plus importante délégation depuis six ans). La chancelière allemande Angela Merkel évoquera demain les « responsabilités mondiales à l’ère numérique ». Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, sera sur scène vendredi. Tout comme François Hollande, qui parlera le matin. La session suivante au programme s’appelle… « Se battre pour la survie ». Le président français, dont c’est la première participation, devrait surtout parler environnement, à onze mois de la conférence de Paris – le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, participant la veille à un débat « Parvenir à un accord sur le climat ». Le ministre des Finances, Michel Sapin, fait aussi le voyage.
Une vingtaine de chefs d’entreprise français arpenteront les allées du Palais des Congrès. Certains ont leur rond de serviette au Forum, comme Maurice Lévy (Publicis) ou Carlos Ghosn (Renault). D’autres sont des habitués : Gérard Mestrallet (Suez), Jean-Charles Decaux (Decaux), Frédéric Oudéa (Société Générale). Jean-Paul Agon (L’Oréal), Antoine Frérot (Veolia), Bruno Lafont (Lafarge), Stéphane Richard (Orange), Matthieu Pigasse (Lazard) et Pierre Kosciusko-Morizet (Kernel) ont aussi pris leur ticket. Parmi les autres personnalités françaises figurent le député UMP Bruno Le Maire, le moine bouddhiste Matthieu Ricard, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et l’ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy. Il y a aussi des absents de marque. Invité à dialoguer, le président russe, Vladimir Poutine, a refusé. Plus surprenant : le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ne vient pas (contrairement à neuf commissaires, dont Pierre Moscovici). Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, non plus. Très apprécié les années précédentes, ce dernier a toutefois une excuse : il a une échéance majeure demain.