Leurs résultats étaient attendus avec impatience et il sont plutôt rassurants. L’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (Eiopa) a publié dimanche soir le verdict des tests de résistance qu’elle a fait passer au secteur cette année sur la base des futures règles de capitaux de Solvabilité II Ces « stress tests » visaient à mesurer la solidité des assureurs européens face à différents types de risques liés aux taux d’intérêt, aux obligations d’entreprise et publiques ou encore aux mouvements des marchés actions.
Les résultats obtenus sur le scénario « de base » font ressortir que « le secteur est en général suffisamment bien capitalisé au regard des critères de Solvablité II », commente le superviseur européen des assurances, l’Eiopa. Il n’en reste pas moins que, sur la base des comptes 2013, 14 % des compagnies (représentant au total 3 % des actifs) ayant répondu ne parviendraient pas à atteindre les 100 % de capital de solvabilité requis (SCR) sous Solvabilité II. Les noms des compagnies en question n’ont pas été dévoilés. L’impact d’un « double choc » combinant une baisse de la valeur des actifs avec une baisse du taux sans risque se ferait plus durement ressentir. Mais 56 % des compagnies arriveraient quand même à couvrir leur SCR dans une telle situation, souligne l’Eiopa.
Du côté français, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) saluait lundi la « résilience du marché domestique ». « Le SCR en situation de base est satisfait par l’ensemble des groupes français », a indiqué le superviseur français des assurances. Le scénario d’un choc sur les marchés actions se traduirait, lui, par une baisse des fonds propres de 41 % pour les assureurs français, « en ligne avec la moyenne européenne ».
Quant au scénario d’un élargissement des écarts de taux des obligations d’émetteurs non financiers, il aurait « un impact légèrement plus élevé » pour le marché français que la moyenne. Quoi qu’il en soit, « ces tests de résistance sont un outil de supervision et n’ont pas vocation à identifier des besoins individuels de recapitalisation, contrairement à ce qui a pu être fait dans le secteur bancaire », a tenu à rappeler l’ACPR.
Les tests de résistance menés par l’Eiopa font aussi et surtout ressortir la vulnérabilité du secteur européen face à une période prolongée de taux d’intérêt bas. Dans un scénario « à la japonaise », ce sont près du quart des 225 compagnies s’étant prêtées à l’exercice qui ne pourrait pas satisfaire aux exigences de SCR. La prolongation de l’environnement actuel de taux bas « pourrait conduire certains assureurs à avoir des difficultés à tenir leurs engagements vis-à-vis de leurs clients à un horizon de 8 à 10 ans », a prévenu l’institution basée à Francfort. L’Allemagne, l’Autriche, Malte et la Suède compteraient parmi les pays les plus exposés à ce risque. De son côté, l’ACPR a souligné « suivre avec attention les questions liées à la persistance d’un environnement de taux bas ».
Egalement testé par l’Eiopa, le scénario « inverse » d’une remontée brutale des taux d’intérêt fait rejaillir un défaut de couverture du SCR chez 20 % des assureurs européens.