Il n’en fallait pas plus à Pierre Gattaz pour s’engouffrer dans la brèche. Après les propos d’Emmanuel Macron dimanche sur la nécessité de réformer l’assurance-chômage, le président du Medef a sauté hier sur l’occasion pour appeler à une réouverture des négociations avec les syndicats dès janvier 2015. Cette proposition figurait déjà dans le fascicule présenté par le Medef il y a une quinzaine de jours pour créer 1 million d’emplois. Le propos est donc cohérent. Il s’appuie sur l’article 10 de la convention Unédic qui prévoit une réunion tous les six mois après la signature de l’accord. Celui-ci ayant été paraphé en juin, une réunion est bien prévue en janvier 2015. Il ne s’agit pas toutefois d’une « clause de revoyure », comme l’a présentée Pierre Gattaz. Elle est censée faire un point sur les comptes de l’Unédic au regard de la situation économique. Force ouvrière s’est chargée de le rappeler au Medef dans un communiqué. En réalité, pour rouvrir les négociations, la seule solution serait d’obtenir l’accord de tous les signataires de la convention conclue en juin dernier pour deux ans, soit jusqu’en juin 2016. Et, du côté syndical, il n’en est pas question. « Lorsque l’on signe des accords, on les défend et on les applique avec loyauté jusqu’au bout ! », s’est emporté FO. « Il faut que Pierre Gattaz arrête de renier ses propres signatures », a affirmé hier aux « Echos » la numéro deux de la CFDT, Véronique Descacq.
Bien que le Medef ait accepté, après de fortes tensions internes, de parapher l’accord sur l’assurance-chômage, Pierre Gattaz le trouve insuffisant : « Pendant des mois, tout le gouvernement, y compris le président de la République, nous a expliqué qu’il n’y avait rien à négocier sur l’assurance-chômage. On a quand même négocié quelque chose qui est imparfait. On a signé oui, mais nous ne sommes pas fiers de cette négociation. Elle est insuffisante », a-t-il pointé hier.
Outre la réforme de l’assurance- chômage, le président du Medef a demandé « l’abrogation pure et simple » du compte pénibilité, dont les décrets sont sortis la semaine dernière. « On nous impose des seuils qui vont être très difficiles à modifier », a souligné Pierre Gattaz, faisant référence aux 6 facteurs de pénibilité qui entreront en vigueur en janvier 2016, mais qui figurent déjà dans les décrets. Pour Pierre Gattaz, qui relaie notamment les inquiétudes du bâtiment, ce dispositif a un « caractère anxiogène et va alourdir le coût du travail ». C’est d’ailleurs toute la réforme des retraites de 2013 qui devrait être revue selon le président du Medef, avec notamment un recul de l’âge légal de départ.
Pour finir, Pierre Gattaz veut aussi abroger les articles 19 et 20 de la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Ces articles imposent une obligation d’information des salariés dans les entreprises de moins de 50 personnes en cas de cession de l’activité. Les décrets sont en cours de finalisation et devraient paraître d’ici au 1er novembre. Le patronat craint une complexité administrative qui pourrait remettre en cause certaines cessions. « On n’en peut plus de passer des centaines d’heures à faire du lobbying, a plaidé Pierre Gattaz. Il faut que le gouvernement ait le courage de dire qu’il s’est trompé. »