Laurent Thévenin
L’augmentation de la sinistralité corporelle en automobile laisse augurer des hausses de tarifs. Le coût moyen des cambriolages est à la hausse.
La facture s’est encore alourdie pour les assureurs en 2013. L’an dernier, la charge de sinistres en assurance de biens et de responsabilité a augmenté pour la deuxième année de suite pour s’élever à 36 milliards d’euros (+2,3 % par rapport à 2012), d’après les statistiques présentées mercredi par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA). Et l’année 2014 s’annonce d’ores et déjà difficile.
Double peine pour les assureurs automobiles
Les premiers mois de l’année ne sont pas pour rassurer les assureurs automobiles. En 2014, ils font face à une hausse de fréquence des dommages corporels (+9,3 %) qui vient compliquer leurs affaires, puisqu’elle va de pair avec des coûts moyens d’indemnisation toujours plus coûteux. Un phénomène jugé « inquiétant » par Thomas Saunier, le nouveau délégué général de la FFSA. « En 2014 et même en 2015, on risque d’avoir une sinistralité qui va augmenter », estime-t-il. Le tout alors que le marché n’est déjà pas à l’équilibre. Le ratio combiné – l’indicateur qui exprime la rentabilité des opérations en assurance-dommages – s’est détérioré l’an dernier, à 104 % en moyenne, contre 101 % en 2012. Ce qui veut dire que les primes encaissées par les assureurs ne leur suffisent pas à couvrir les sinistres et leurs frais de fonctionnement. « Les assureurs ont pu intégrer la hausse du coût des dommages corporels dans la mutualisation tant qu’il y avait moins de sinistres, explique Stéphane Penet, directeur des assurances de biens et de responsabilité à la FFSA. La situation actuelle pourrait amener à des déséquilibres qui pourraient conduire à des hausses de tarifs. » Pour l’heure, la Matmut s’est singularisée en annonçant très tôt dans l’année qu’elle n’augmenterait pas ses prix en 2015.
Intempéries : 2,5 milliards d’euros depuis juin 2013
A mi-année, le bilan n’est pas bon sur le front des intempéries et des catastrophes naturelles. Les récents orages de grêle en France vont coûter aux assureurs entre 800 et 900 millions d’euros – une estimation qui pourrait être revue à la hausse, prévient la FFSA. Sur un an, la facture atteint 2,5 milliards d’euros, soit largement plus que le coût annuel moyen constaté sur les 20 dernières années (1,5 milliard d’euros). « Depuis 2008, nous sommes sur un cycle d’années plutôt mauvaises, sans que l’on puisse dire s’il s’agit d’une tendance durable ou si ce cycle va se terminer », explique-t-on à la FFSA.
Des cambriolages de plus en plus coûteux
C’est une tendance de fond qui inquiète les assureurs. Entre 2008 et 2013, le nombre de cambriolages a augmenté de 50 %.« Il est évident qu’il y a un lien avec la crise », relève Bernard Spitz, le président de la FFSA. L’an dernier, les assureurs ont recensé près de 400.000 cambriolages, soit plus de 1.000 par jour, pour un coût total de 720 millions d’euros. Le coût pour les assureurs a augmenté de 10 % par an en moyenne sur la période 2008-2013. Le début de l’année 2014 donne toutefois un petit motif d’espoir avec une légère baisse du nombre de cambriolages de particuliers.
Le poids de la crise
En 2013, les assureurs ont comptabilisé 14,2 millions de sinistres, soit 200.000 de plus que l’année précédente. « On constate une inflation du nombre de déclarations de petits sinistres, qui n’auraient pas été forcément faites auparavant. Mais avec la crise, même des petites sommes d’argent deviennent des enjeux », constate Bernard Spitz. Interrogé sur une possible recrudescence de la fraude à l’assurance en période de crise, Thomas Saunier répond que « les cas de fraude détectés sont en hausse ». « Mais cela veut-il dire que la fraude augmente ou que les dispositifs de détection sont plus efficaces ? »s’interroge-t-il.