Groupama a bel et bien tourné le dos à la stratégie de croissance à tout prix qui avait longtemps été la sienne. Sa nouvelle « planification stratégique opérationnelle » – un outil prévisionnel qui est revu régulièrement – ne fait ainsi état que d’une hausse très modeste de son chiffre d’affaires d’ici à 2015. Selon une présentation interne dont « Les Echos » ont obtenu une copie, l’assureur mutualiste vise un chiffre d’affaires de 14,54 milliards d’euros en 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 1,2 % sur trois ans. En France, la croissance annuelle moyenne attendue est de 1 % pour les activités d’assurance. Les activités d’assurance internationales doivent faire légèrement mieux (1,8 % en moyenne par an), malgré le repli programmé du chiffre d’affaires en Italie, la principale implantation de Groupama à l’étranger.
Comme son directeur général, Thierry Martel, l’avait indiqué, le groupe se focalise désormais sur sa rentabilité opérationnelle et sa solidité financière. En assurance de biens et de responsabilité, l’objectif affiché est de faire revenir dans le vert le ratio combiné (sinistres et frais rapportés aux primes), de 102,6 % en 2012 à 97,6 % en 2015. En assurance-vie, Groupama cherche par tous les moyens à favoriser le développement de la production en unités de compte (UC) au détriment de la collecte sur les fonds euros, jugée trop coûteuse en capital. Il espère faire bondir les taux d’UC dans l’encours de 9 % en 2012 à 21,5 % en 2015.
Globalement, l’assureur table sur un net redressement de son résultat opérationnel économique. Alors qu’il était négatif de 78 millions d’euros en 2012, il est espéré à 300 millions d’euros en 2015. Quant à la marge de solvabilité sur fonds propres durs, elle doit, elle aussi, s’améliorer de façon continue sur la période, pour atteindre 130 % en 2015, contre 112 % en 2012.
Alors qu’il avait frôlé le pire en 2011, le groupe a employé les grands moyens pour se redresser. Il a lancé cinq plans de départs volontaires (chez GAN Assurances, Groupama Banque, Groupama SA, Groupama Supports et Services et GAN Prévoyance), vendu un grand nombre d’actifs et de filiales en France et à l’étranger, et diminué les risques à son bilan.
Parmi les axes stratégiques poursuivis, Groupama pense pouvoir enfin amener Amaline, l’entité qui chapeaute l’activité d’assurance directe Amaguiz, au point mort en 2015. Cela passera notamment par un quasi-doublement des primes entre 2012 et 2015 (de 45 à 84 millions d’euros) et par une nette amélioration du ratio sinistres à primes.
Après avoir enclenché un plan de revitalisation de Groupama Banque, l’assureur vise un encours supérieur à 2 milliards d’euros pour la banque commerciale en 2015, contre 1,5 milliard fin 2013. Il veut également porter le taux de comptes actifs de 20 % à 25 %.