Un coup pour rien. Alors qu’il conteste le fait que la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) a l’exclusivité de la garantie de l’Etat pour la réassurance des catastrophes naturelles, SCOR n’a pas obtenu gain de cause devant le Conseil constitutionnel. Vendredi, l’institution de la rue de Montpensier a déclaré« conformes à la Constitution » les dispositions de l’article L. 431-9 du Code des assurances, dont le cinquième réassureur mondial demandait la censure.
Après avoir d’abord saisi le tribunal administratif de Paris, SCOR avait formulé en juillet une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au motif qu’il y avait, selon lui, atteinte au principe d’égalité et à la liberté d’entreprendre. « Eu égard à la nature particulière des risques assurés et à l’absence de tout plafond de garantie de la couverture dont bénéficient les assurés, en choisissant d’accorder la garantie de l’Etat à la seule Caisse Centrale de Réassurance, tenue de réassurer tous les assureurs qui le demandent dès lors qu’ils remplissent les conditions légales et réglementaires, le législateur n’a méconnu ni le principe d’égalité ni la liberté d’entreprendre », argumente le Conseil constitutionnel dans sa décision.
Dans un communiqué, le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, s’est félicité que « le régime d’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles institué en 1982 et qui a démontré son efficacité dans la mobilisation de la solidarité nationale pour la protection de tous les citoyens face au risque de catastrophenaturelle, se trouve ainsi conforté ». « C’est une décision très importante qui conforte la base du régime des catastrophes naturelles et le rôle de CCR dans ce régime », soulignait de son côté Stéphane Pallez, PDG de CCR. Intervenu dans le dossier pour défendre le système en vigueur, le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema) a lui aussi fait part de son« soulagement ».
SCOR n’entend cependant pas en rester là. Sitôt la décision du Conseil constitutionnel connue, le groupe dirigé par Denis Kessler a annoncé qu’il saisira rapidement les instances européennes – en l’occurrence, la Commission – et qu’il« mettra tout en oeuvre pour rétablir l’égalité de concurrence en matière de réassurance des catastrophes naturelles en France ». Selon lui, « le caractère exclusif de cette garantie, conjugué au manque d’encadrement de son champ, confère à la CCR un quasi-monopole de fait et lui permet de détenir plus de 90 % de part de marché ». Il rappelle ne contester ni le régime d’assurance des catastrophes naturelles « en lui-même », ni l’existence d’une garantie de l’Etat en dernier ressort.