Le marché de l’assurance-vie suit décidément une trajectoire erratique en 2013. Après deux mois de basses eaux, il est reparti de l’avant au mois de juillet. D’après les statistiques mensuelles publiées hier par l’Association française de l’assurance, la collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les cotisations et les prestations, a été positive de 1,9 milliard d’euros. En juin, elle avait été négative (- 300 millions d’euros) après avoir été tout juste au dessus de la ligne de flottaison en mai (+ 200 millions).
Le secteur signe là sa troisième meilleure performance de l’année après janvier (+ 3,5 milliards d’euros) et février (+ 2 milliards). Depuis janvier, la collecte nette s’élève à 9,6 milliards d’euros. A fin juillet, l’encours de l’assurance-vie atteignait 1.435,3 milliards, soit une progression de 5 % sur un an.
Le rebond de cet été tient à la forte progression des cotisations, qui sont passées de 9,1 milliards d’euros en juin à 11,6 milliards en juillet. C’est le deuxième meilleur mois pour les assureurs depuis le début de l’année. « Le mois de juillet est, en règle générale, un assez bon mois pour la collecte », souligne Philippe Crevel, le secrétaire général du Cercle des épargnants. Selon lui,« l’assurance-vie semble profiter de la baisse de rémunération de l’épargne réglementée même si ces produits ne sont que partiellement en concurrence ». En juillet, le Livret A a connu une vraie désaffection puisque sa collecte nette n’a été que de 380 millions d’euros, en chute de 82 % sur un an. Un repli en lien avec la baisse annoncée de son taux de rendement à 1,25 % à compter du 1er août. Pour l’économiste Cyril Blesson, du cabinet PAIR Conseil, un autre élément a pu favoriser la collecte nette : « Les marchés financiers se sont beaucoup mieux tenus en juillet qu’en mai et en juin. Or, on sait que les épargnants peuvent être stressés par les variations de marché ».
Si l’assurance-vie a retrouvé des couleurs en 2013 après un exercice 2012 exécrable, elle évolue néanmoins à des niveaux encore très éloignés de ses années fastes. Surtout en comparaison du Livret A et du Livret de développement durable (LDD). A eux deux, ces livrets, qui présentent l’intérêt d’être liquides et entièrement défiscalisés, ont déjà drainé 22,81 milliards d’euros depuis le début de l’année.
Ce niveau semble difficilement accessible pour l’assurance-vie sur l’ensemble de l’exercice. « Nous tablons pour l’instant sur une collecte nette de 13,5 milliards d’euros pour 2013, annonce Cyril Blesson. Il n’existe aujourd’hui pas beaucoup d’alternatives à l’assurance-vie. D’autant que ses avantages fiscaux relatifs ont été renforcés par rapport aux comptes titres ou aux livrets bancaires ».
Le niveau toujours élevé des prestations (9,7 milliards d’euros en juillet, en hausse de 300 millions par rapport à juin) reste aussi un point de vigilance. D’autant plus que se prépare une nouvelle réforme de l’assurance-vie dans le sillage du rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne financière.