L’assemblée générale de l’Afer (Association française d’épargne et de retraite), qui se tiendra le 25 juin prochain à Nice, promet d’être une nouvelle fois animée. Gérard Bekerman, le président de la principale association d’épargnants française, vient d’être assigné en justice par l’un de ses prédécesseurs, Pierre-Marie Guillon, en poste de juin 2001 à septembre 2003. Celui-ci met notamment en cause le choix fait par l’Afer en 2006 de renoncer à se constituer partie civile dans le procès pénal de ses deux fondateurs, Gérard Athias et André Le Saux. Reconnus coupables d’un « abus de confiance », ces derniers ont été condamnés pour avoir détourné 130 millions d’euros au détriment des adhérents de l’Afer, par le biais d’un accord occulte de rémunération passé avec l’assureur Abeille Vie (devenue Aviva), le fournisseur des contrats d’assurance -vie de l’association.
Avec cette assignation devant le tribunal de grande instance de Paris pour « faute de gestion », Pierre-Marie Guillon espère obtenir « la démission forcée » de Gérard Bekerman et le remboursement de l’intégralité des rémunérations – selon lui,« exorbitantes » – qui lui ont été versées depuis son entrée en fonctions, soit quelque 1,5 million d’euros, indique-t-il. S’il est aujourd’hui membre de l’association SOS Principes Afer, fondée par François Nocaudie, le courtier qui avait révélé les pratiques des deux fondateurs, il agit « ut singuli », c’est-à-dire au nom et pour le compte de l’Afer elle-même. Pierre-Marie Guillon assure aussi « ne vouloir rejouer aucun rôle au sein de l’Afer ».
De son côté, Gérard Bekerman accueille cette action « sereinement » : « C’est la même chose à l’approche de chaque assemblée générale. Ils veulent instrumentaliser la justice et sont à la recherche d’un écho médiatique. C’est leur manière d’exister », explique-t-il aux « Echos », en parlant de ses détracteurs.« Ils ont perdu toutes les procédures judiciaires qu’ils ont intentées à notre encontre ces six dernières années », précise-t-il, ajoutant qu’il s’agit là « de faits très anciens qui ne concernent en rien les adhérents ».
L’action de Pierre-Marie Guillon ne s’arrête pas là, puisqu’il a aussi déposé une résolution en vue de l’assemblée générale demandant « le renvoi » de Gérard Bekerman au motif qu’il « n’a cessé, depuis son accession à la présidence de l’association, de prendre ou faire prendre des dispositions contraires aux intérêts des adhérents ». « L’Afer est prêt à répondre à toutes ces accusations point par point », annonce Gérard Bekerman.
Le front des critiques est particulièrement nourri cette année. En tout, ce sont six groupes d’adhérents qui contestent la gouvernance de l’association et qui ont déposé chacun une ou plusieurs résolutions. Ces résolutions n’ont cependant, a priori, aucune chance d’être adoptées compte tenu du mécanisme de vote par correspondance et de pouvoirs.