Heureux comme un assureur au Brésil. Thierry Claudon, l e patron de la CNP à Brasilia, qui vient de boucler sa deuxième acquisition en douze ans avec Previsul, n’en revient pas. Lui qui, dans les années 1990, a commencé à investir en Argentine, a fini par trouver son bonheur au Brésil. D’autres comme Cardif, filiale de BNP Paribas, se réjouissent de l’émergence d’une nouvelle classe moyenne qui découvre petit à petit le monde de l’assurance. « Nous vendons un million de polices d’assurance par mois », explique Adriano Romano, président de la filiale de Cardif, qui a multiplié son chiffre d’affaires par quatre en cinq ans.
Malgré la croissance impressionnante de ces dix dernières années, le potentiel demeure énorme puisque l’assurance au Brésil ne représente que 3 % du PIB, contre plus de 10 % en France ou aux Etats-Unis. Un stade embryonnaire pour ce qui est désormais la septième économie mondiale, peuplée de près de 200 millions d’habitants… Ajoutez à cela une stabilité économique durable – l’hyperinflation a été domptée il y a un peu moins de vingt ans -, une forte poussée du pouvoir d’achat des plus pauvres au cours des dix dernières années, assortie d’une forte baisse du chômage, et le gâteau de l’assureur prend des formes avantageuses…
Durant cette période, les primes ont effectué un bond de 24 milliards de reals (925 millions d’euros au cours actuel) à 130 milliards de reals par an, selon le consultant financier Austin Asis. Dès 2001, la CNP a pris ses marques en remportant l’appel d’offres pour s’associer avec l’assureur Caixa Seguros, de la banque publique Caixa Econômica Federal, l’une des plus grandes institutions financières du pays. Le groupe français débourse alors 500 millions d’euros pour détenir 51 % du capital de Caixa Seguros. « A l’époque, son chiffre d’affaires était de 1 milliard de reals, avec des bénéfices de 80 millions de reals », explique Thierry Claudon, président de Caixa Seguros, qui a bouclé le dernier exercice avec un chiffre d’affaires de 8 milliards de reals et un résultat de 1,22 milliard de reals. « Nous avons investi à un moment charnière. L’économie brésilienne était déjà remise sur pied et, à partir de 2003, Lula a joué à fond la carte du revenu des familles. Ca a été, et c’est toujours un moment formidable », poursuit-il.
Ces petites gens qui ont profité de la hausse du pouvoir d’achat, ce sont justement les clients typiques de la Caixa Econômico Federal, sorte de caisse d’épargne très classe moyenne, présente dans tous les recoins du Brésil. Sur sa lancée, Caixa Seguros vient d’acquérir 70 % de Previsul, un assureur en difficulté dans le sud du pays. Et ne compte pas s’arrêter là. « Nous allons continuer à travailler très fort sur l’assurance populaire et la micro-assurance », dit Thierry Claudon.
Cardif a quant à lui misé sur la consommation et a développé ses activités avec des partenaires comme Carrefour ou Renault, ou la chaîne d’électroménager Magazine Luiza. Maintenant que le boom de la consommation est passé, Cardif se tourne aussi vers les assurances habitation et la vente par Internet.
L’avenir reste prometteur. Moins d’un quart des voitures sont assurées, ainsi que moins que 10 % des logements, garantissent les assureurs. « Dix ans sont passés, mais tout reste à faire », estime Thierry Claudon.