Dans la foulée des cessions de certains portefeuilles de crédits en dollars engagées dans l’urgence à l’automne 2011, les banques françaises ont procédé à plusieurs cessions ces derniers mois. Un mouvement général dans la finance européenne – qui se chiffre à environ 38 milliards d’euros pour 2012 – qui s’explique pour certains établissements aidés durant la crise par les contraintes imposées par Bruxelles ; et pour les autres par une volonté de réduire leurs risques et leur consommation de fonds propres ou bien par une offre trop alléchante pour être refusée. Tour d’horizon.
La sortie du bourbier grec
Parmi les cessions de l’année, la plus emblématique est sans conteste la vente pour un euro symbolique de la filiale grecque du Crédit Agricole Emporiki à Alpha Bank, annoncée en octobre. Le groupe a enfin pu sortir du bourbier grec qui lui aura au total coûté depuis 2006 près de 9 milliards d’euros… La Société Générale a elle aussi annoncé la vente de sa filiale Geniki, à la Banque du Pirée, quelques semaines plus tard. Dans les deux cas, ces ventes ont conduit à des moins-values notables pour les banques. Le prix à payer pour sortir de ce pays en déshérence.
Les belles occasions égyptiennes
Autre pays duquel les établissements français sont sortis de la banque de détail en fin d’année : l’Egypte. Mais là, dans de bien meilleures conditions. La Société Générale a cédé mi-décembre sa filiale à la banque qatarie QNB (Qatar National Bank) pour une offre irrésistible de 1,5 milliard d’euros, soit deux fois son actif net comptable. Un multiple devenu rare depuis la crise. La plus-value nette estimée se monte à 350 millions d’euros. Une semaine plus tard, c’est au tour de BNP Paribas d’annoncer la cession de sa filiale à la banque Emirates NBD pour 380 millions d’euros, soit 1,6 fois sa valeur comptable. La plus-value de BNP Paribas s’élève à 100 millions d’euros. Seul le Crédit Agricole conserve désormais une petite banque de détail en Egypte.
Six cessions pour Dexia
Le mouvement de cessions n’a pas été circonscrit aux établissements français. Bien d’autres groupes financiers ont restructuré leurs implantations, en particulier sous la contrainte de la Commission européenne. Dans ce cas, figurent bien évidemment Dexia, la banque franco-belge en cours de démantèlement, qui en un peu plus d’un an a annoncé la cession de pas moins de six entités : Dexia Banque Belgique fin 2011 (devenue Belfius), sa participation de 50 % dans le conservateur de titres RBC Dexia, la Banque Internationale à Luxembourg (BIL), la pépite turque Denizbank, Dexia Municipal Agency et Dexia Asset Management. Des cessions dans l’urgence pour plus de 8 milliards d’euros réalisées au prix d’importantes moins-values.
D’autres groupes dans la mire de Bruxelles
Autre groupe sous la pression de Bruxelles, le néerlandais ING. Après sa filiale directe américaine, le bancassureur s’est séparé cet été de ING Direct Canada pour 2,5 milliards d’euros puis de ING Direct UK. Mais il doit encore se défaire de ses activités d’assurance. La Commission européenne lui a accordé jusqu’en 2018 pour cela. Le bancassureur belge KBC a avancé aussi dans son programme de cessions. Il vient de vendre sa filiale russe Absolut Bank à un groupe de sociétés russes pour 300 millions d’euros. Mais il doit encore céder des petites filiales en Belgique, Allemagne, Serbie et la Banque Diamantaire Anversoise. Les banques britanniques ne sont pas en reste en terme de désinvestissement. RBS a vendu son activité de financement aéronautique à un consortium japonais mené par Sumitomo Mitsui pour 5,9 milliards d’euros en début d’année. Sous la pression de Bruxelles, la banque nationalisée doit encore boucler la cession de 316 agences d’ici à un an. Malheureusement pour elle, son acquéreur désigné, Santander, lui a fait faux bond en octobre. Le fonds américain JC Flowers et le groupe britannique Virgin Money, qui a déjà repris Northern Rock, auraient cependant soumis des offres de reprise. Pour sa part, Lloyds Banking Group (LBG) a finalement réussi à céder en juillet 632 agences au groupe mutualiste The Co-operative pour environ 955 millions d’euros.
sortie des activités non stratégiques
Les banques britanniques qui n’ont pas bénéficié d’aides d’Etat mais qui sont frappées de plein fouet par divers scandales (Libor, blanchiment, etc.) ont elles aussi désinvesti. Après s’être séparée de son activité de gestion d’actifs en 2009, Barclays s’est délestée des 20 % qu’elle avait acquis dans Blackrock à cette occasion, pour 4,6 milliards d’euros. Quant au géant HSBC, il a mené tambour battant son désengagement du marché de l’assurance cette année, le dernier en date étant sa participation de 15,6 % dans le chinois Ping An pour plus de 7 milliards d’euros. Soit une plus-value de 2 milliards d’euros à la clef. Il vient aussi de vendre ses 18 % dans l’assureur vietnamien Bao Viet. Plus tôt, il avait cédé ses activités d’assurance à Hong Kong, Singapour et au Mexique à Axa. En 18 mois, HSBC a réalisé près de 35 cessions pour environ 5,1 milliards d’euros d’actifs. BBVA a lui mis en vente ses activités de gestion de fonds de pension sur ce continent : il a déjà cédé ses entités au Mexique et en Colombie et attend des offres pour celles du Pérou et du Chili. Quant à son rival Santander, il a empoché plus de 3 milliards d’euros en mettant en Bourse, conjointement à Mexico et à New York, un quart de sa filiale mexicaine. Mais il n’a toujours pas trouvé preneur pour sa gestion d’actifs comme Deutsche Bank.