Après avoir décidé à la mi-septembre d’autoriser les grands distributeurs étrangers à opérer en Inde (à 51 % maximum) et les compagnies aériennes étrangères à prendre jusqu’à 49 % des compagnies locales, le gouvernement de New Delhi vient d’approuver un projet de loi qui autoriserait les assureurs étrangers à passer de 26 % maximum à 49 % dans le capital d’une compagnie indienne.

Simultanément une loi sur les fonds de pension autoriserait les groupes étrangers, exclus du secteur, à entrer dans les fonds indiens avec le même plafond que dans les assurances, soit 26 % sur la base actuelle ou 49 % si la loi sur les assurances est modifiée.

Les besoins en la matière sont identifiés depuis longtemps. Le secteur de l’assurance, tant vie que dommages, est très peu développé en Inde. Comme l’a souligné le week-end dernier Palaniappan Chidambaram, le ministre des Finances, pas plus de 5 % des Indiens ont un contrat d’assurance. Le secteur est donc appelé à connaître un fort développement, à condition de disposer des capitaux et des compétences nécessaires.

Selon le ministre, « le régulateur de l’assurance a affirmé catégoriquement que le secteur a besoin d’énormes capitaux. On ne les trouvera qu’en relevant le plafond des investissements directs étrangers ». Un raisonnement qui s’applique tout autant aux fonds de pension. La montée en puissance de ces deux secteurs est d’autant plus nécessaire que le pays réclame de gigantesques capitaux pour ses infrastructures, évalués à 500 milliards de dollars par le Plan 2012-2017.

L’obstacle du Parlement

Reste à faire voter ces réformes législatives (contrairement aux réformes de la distribution et de l’aérien, qui étaient de nature réglementaire). Et c’est là que le bât blesse. Il y a plusieurs années que ces textes ont été élaborés, à quelques variantes près, mais le gouvernement n’a jamais réussi à les faire voter. En cause, une forte hostilité de ses alliés envers une montée en puissance des investisseurs étrangers. Or, le gouvernement a perdu le mois dernier un allié clef au sein de sa coalition, à cause justement de l’ouverture de la grande distribution aux investissements étrangers. Le ministre des Finances a dit le week-end dernier qu’il s’efforcerait de convaincre l’opposition du bien-fondé de ces réformes. Mais l’issue du vote, prévu pour décembre, est des plus hasardeuses.

Après l’assurance, le zèle réformateur du gouvernement pourrait se tourner vers le secteur bancaire. Palaniappan Chidambaram a appelé ce week-end la banque centrale à donner rapidement le feu vert à la création de nouvelles banques. La Reserve Bank of India élabore depuis plusieurs années des règles en la matière mais ne veut pas les sortir tant qu’une loi de réforme du secteur bancaire n’aura pas été votée. Mais, comme pour l’assurance, le projet de loi en question traîne au Parlement depuis des années sans que le gouvernement ait pu le faire voter.

Patrick de Jacquelot, Les Echos
, CORRESPONDANT À NEW DELHI