C’est une tendance de fond sur le marché français de l’assurance. Les compagnies traditionnelles (AXA, Allianz, etc.), les mutuelles sans intermédiaires (Macif, MAAF, etc.) ou les filiales de groupes bancaires se tournent de plus en plus vers la santé et la prévoyance. Cette ruée vers ces activités se comprend aisément, alors qu’elles offrent une « très bonne rentabilité technique » et que les assureurs cherchent la meilleure allocation possible de leurs fonds propres, explique Cyrille Chartier-Kastler, le président du cabinet Facts & Figures.
L’approche de Solvabilité II – le futur cadre prudentiel qui fixera les exigences de capitaux propres en fonction des risques -a accéléré ce phénomène. Mais « ce mouvement avait déjà commencé avant », souligne le consultant. A tel point que, en 2010, la santé et la prévoyance représentaient 15,1 % du chiffre d’affaires du secteur contre 12,3 % en 2005, d’après le dernier baromètre Croissance × Rentabilité de Facts & Figures. Avec une progression annuelle moyenne de 8,2 % sur la période, elles ont fait nettement mieux que l’épargne (+ 3,5 % par an, en moyenne) ou que l’assurance-dommages (+ 2,4 %). Reste que cette dynamique risque de se tasser vu le contexte économique, prévient Cyrille Chartier-Kastler.
Hausse des complémentaires
« Il ne sera plus possible de faire supporter aux ménages des hausses de tarifs de 5 à 7 % chaque année vu les prix déjà très élevés de la complémentaire santé. Cela va pousser des assurés à réduire leurs couvertures », estime-t-il. En prévoyance, les Français pourraient aussi, selon lui, y regarder à deux fois avant de souscrire un contrat, voire résilier les contrats qui ne leur semblent pas indispensables.
Dans ces conditions, les assureurs « ne doivent pas et ne peuvent pas lever le pied sur l’épargne »,affirme-t-il. Un discours qui détonne alors que les temps sont durs pour l’assurance-vie et que certains réseaux de bancassurance privilégient la collecte d’épargne bilancielle dans l’optique de Bâle III. Cyrille Chartier-Kastler souligne que la crise financière n’a pas empêché le produit net d’assurance (l’indicateur qu’il a construit pour refléter le vrai revenu de l’assurance-vie) généré par l’assurance-vie de progresser de 2,8 % par an entre 2005 et 2010.