le président de Dexia, Jean-Luc Dehaene, a exhorté vendredi les Etats belge et français à régler « d’urgence » la question de sa succession et de celle de Pierre Mariani, l’administrateur délégué de la banque franco-belge. Son appel intervient alors que les rumeurs se multiplient outre-Quiévrain sur la volonté de l’Etat belge de placer à la tête de Dexia l’ancien directeur général de Fortis Karel De Boeck. Volonté qui serait, selon la presse belge, contre-carrée par le souhait de Jean-Luc Dehaene de rester à son poste jusqu’en août. Celui-ci dément fermement, déclarant qu’il « ne veut en aucun cas entraver la prise de décision des gouvernements ».
Succession en deux temps
En réalité, le calendrier électoral français n’est pas propice à une modification rapide de la gouvernance de Dexia. Son conseil d’administration demain et l’assemblée générale qui suivra mercredi à Bruxelles interviennent trop vite après l’élection présidentielle pour que l’exécutif français ait le temps d’arrêter sa position sur la succession de Pierre Mariani et de Jean-Luc Dehaene. « Les Belges peuvent avoir une préférence pour Karel De Boeck, ils ne peuvent imposer sa nomination sans l’aval de l’Etat français, actionnaire de Dexia », rappelle une source en France. Michel Bouvard, le président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts, premier actionnaire de Dexia avec 17,6 %, a par ailleurs souligné l’importance de maintenir Pierre Mariani à son poste tant que le dossier des collectivités locales françaises ne sera pas bouclé. Aussi la gouvernance de Dexia devrait-elle être traitée en deux temps. Une fois le président de la République élu en France, Karel De Boeck pourrait prendre la présidence de la banque franco-belge, en remplacement de Jean-Luc Dehaene. Il succéderait ensuite à Pierre Mariani à l’automne, une fois la nouvelle banque des collectivités locales française sur les rails. Ce dernier devrait avoir finalisé d’ici à fin mai la cession de Dexia Asset Management, pour lequel il a reçu dix offres.
Cette remise en cause de la gouvernance survient en plein débat sur la capitalisation de Dexia. Le code des sociétés belge prévoit que quand l’actif net d’une société est de moins de la moitié de son capital, elle augmente ses fonds propres. Ce serait le cas de Dexia depuis ses pertes de près de 12 milliards en 2011. Mais pour éviter de tomber sous cette contrainte, la banque va modifier ce ratio, selon l’agence Belga, en proposant mercredi à ses actionnaires, de réduire de 4,1 milliards d’euros son capital social, le ramenant à 500 millions.