Mario Monti avait dû faire marche arrière il y a quelques semaines concernant son projet de supprimer bon nombre de commissions bancaires appliquées en Italie. Cette semaine, en revanche, il a marqué deux points contre le secteur. Après avoir obtenu des banques de son pays qu’elles créent un compte courant sans frais pour les plus démunis, le chef du gouvernement n’a rien lâché sur la question des conflits d’intérêts, au contraire. Il vient de mettre fin au cumul des postes de dirigeants, à défaut de pouvoir empêcher les innombrables participations croisées entre les grands de la finance transalpine.

Une petite révolution est donc en marche autour de l’axe majeur du capitalisme italien, constitué d’UniCredit, de Mediobanca et de Generali, le premier étant le principal actionnaire du deuxième (avec 8,7 % du capital) et le deuxième étant à son tour le principal actionnaire du troisième (avec 13,5 % du capital).

Pas de cumul de postes

Dans les faits, les banquiers et les assureurs avaient jusqu’à hier soir, minuit, pour se mettre en conformité avec un texte annoncé dès Noël 2011. Dorénavant, au nom de la concurrence chère à l’ancien commissaire européen Monti, il est interdit d’assumer des fonctions dans deux entreprises susceptibles de se retrouver en compétition sur un même marché. Pas moins de 1.023 directeurs généraux et administrateurs ont dû effectuer des choix douloureux.

Vincent Bolloré, par exemple, a annoncé qu’il renonçait à son fauteuil au conseil d’administration de la banque d’affaires Mediobanca, qu’il détenait depuis 2002, date de son entrée par effraction au capital de la banque d’affaires milanaise, grâce au rachat des parts de Lazard. L’homme d’affaires français le plus connu en Italie a pourtant récemment porté sa participation à 6 % et répétait régulièrement qu’« être dans Mediobanca, c’est contrôler Generali ». Il a préféré rester vice-président de Generali, un poste obtenu il y a deux ans à la faveur du départ forcé du numéro un d’alors, Antoine Bernheim.

C’est également le choix qu’a fait un autre vice-président du lion de Trieste, Francesco Gaetano Caltagirone, en démissionnant du conseil de Monte dei Paschi di Siena. En revanche, le troisième vice-président de Generali, Alberto Nagel, a décidé de quitter la direction de la compagnie d’assurances afin de rester aux commandes de Mediobanca. De même son numéro deux, Francesco Saverio Vinci, a-t-il lâché son poste d’administrateur de Generali pour rester dans la banque d’affaires. Autre figure ayant choisi Mediobanca, Dieter Rampl, président démissionnaire d’UniCredit. Dans l’autre sens, Fabrizio Palenzona quitte Mediobanca afin de pouvoir rester vice-président d’UniCredit, où il fait la pluie et le beau temps au nom des fondations bancaires actionnaires.

CORRESPONDANT À ROME
Guillaume Delacroix