Groupama attend avec fébrilité le verdict de Standard & Poor’s (S&P). Comme l’a indiqué hier « L’Agefi », l’agence de notation devrait dire aujourd’hui si elle maintient la notation de l’assureur mutualiste à BBB + ou si elle l’abaisse d’un ou deux crans. Jusqu’au dernier moment, le groupe dirigé par Jean Azéma aura tenté de rassurer S&P sur sa solidité en lui donnant des gages.
L’agence de notation s’interroge sur l’impact de la chute des marchés sur le profil financier, et en particulier sur la solvabilité de Groupama, gros actionnaire de Société Générale (4,09 %) et de Veolia Environnement (5,47 %), deux valeurs qui ont dévissé en Bourse cet été. Groupama lui a promis de « dérisquer » une partie de son bilan en prenant un certain nombre de couvertures sur actifs. Pour répondre au modèle de S&P, l’assureur prendra également des traités de réassurance sur les provisions. Autant de mesures qui devraient lui permettre d’abaisser l’exigence en capital.
Au 30 juin, la marge de solvabilité de Groupama s’établissait encore à 130 %, soit au même niveau qu’à fin décembre 2010, pour une couverture par les fonds propres durs de 117 %. Or, S&P prend sa décision au regard de la solvabilité actuelle du groupe, qui a sans nul doute été bien entamée par les turbulences boursières de ces dernières semaines.
Au-delà du jugement de S&P, le sixième assureur français veut tout faire pour se redonner rapidement de l’air – sa marge de solvabilité était encore de 180 % fin 2009. Jean Azéma a présenté hier en interne aux cadres de Groupama un vaste plan de réduction des coûts. Sur les deux prochaines années, l’assureur espère économiser 300 millions d’euros (400 millions à horizon 2013). L’effort portera d’abord sur Groupama SA, où l’objectif est de faire baisser les coûts de 10 % en valeur absolue, mais toutes les entités du groupe seront également mises à contribution. Parmi les mesures annoncées, des regroupements de sites en région parisienne et une politique de recrutement plus sélective. Certains projets informatiques, moins stratégiques, devraient également faire les frais de cette politique d’austérité.
Marges de manoeuvre limitées
Les marges de manoeuvre de Groupama semblent aujourd’hui des plus limitées. L’assureur sait qu’il ne peut plus compter dans l’immédiat sur les revenus de ses placements financiers pour soutenir ses résultats. Si les marchés boursiers restaient aussi bas, il pourrait même être conduit à passer des provisions pour dépréciation durable sur ses titres Société Générale et Veolia.
Reste aussi une épée de Damoclès : la crise grecque, qui l’a déjà obligé à comptabiliser une provision de 88 millions d’euros au premier semestre en appliquant une décote de 21 % sur ses titres arrivant à maturité d’ici à 2020. Son exposition nette à la Grèce reste à un niveau élevé (540 millions). Autant d’éléments qui risquent de peser lourdement sur le résultat de l’exercice 2011. D’autant que Groupama, comme le reste du marché, n’est pas à la fête en assurance-vie (lire ci-contre). Au premier semestre, l’assureur avait dégagé un bénéfice de 151 millions d’euros.