Les rencontres annuelles de la réassurance se sont ouvertes ce week-end alors que le secteur connaît une situation paradoxale. Les coûts des catastrophes naturelles du premier semestre atteignent le montant record de 70 milliards de dollars, soit 50 milliards d’euros, selon une étude préliminaire du réassureur Swiss Re parue vendredi. Pourtant, le secteur ne devrait pas répercuter ces charges dans ses prix l’année prochaine.
D’après les calculs de Swiss Re, 2011 est une année record pour le montant de dommages assurés causés par des séismes et n’est battue que par 2005 (l’année de l’ouragan Katrina en Louisiane) pour le montant des dommages assurés de l’ensemble des événements naturels. Le total des pertes économiques (dégâts matériels et pertes économique induites) durant le premier semestre s’élève à 278 milliards de dollars avec 26 000 victimes humaines.
Loin des années noires
Parmi les catastrophes couvertes par les assureurs et les réassureurs, le tremblement de terre en Nouvelle-Zélande en février se place en tête avec 9 à 12 milliards d’indemnisation. Loin cependant derrière le Japon dont les estimations de 30 milliards de dollars de dommages assurés pourraient encore être revus à la hausse, mais les coûts du séisme sont en fait largement pris en charge par l’État. Cinq événements naturels excédant 1 milliard de dollars de dommages assurés – sans compter la tempête Irene de fin août – ont par ailleurs frappé les États-Unis. Et même si en Europe, le bilan global est plus léger, une tempête en mer du nord a endommagé un navire causant 1 milliard de pertes assurées, sans entamer la bonne tenue de l’assurance transport (lire ci-dessous).
Ce bilan sur le front des catastrophes naturelles n’a pas affecté les fonds propres des réassureurs qui abordent les renégociations pour 2012 en bonne forme. On est loin des années noires après les attentats du 11 septembre 2001 ou même de l’ouragan Katrina en 2005. « Les capacités de réassurance restent excédentaires », estime un spécialiste, en particulier en Europe relativement épargnée par les événements climatiques. Les tarifs ont donc de fortes chances de rester stables en moyenne, voire de baisser légèrement. À moins que le modèle mathématique de prévisions des risques RMS (Risks Management Solutions), utilisé par bon nombre d’acteurs de l’assurance et réassurance opérant en France et en Europe, ne vienne tout bousculer. Il prévoit une forte hausse de la sinistralité liée aux petites et moyennes tempêtes en France, Grande Bretagne et Danemark. Ce qui pourrait conduire à un renchérissement des prix de la réassurance et donc de ceux de l’assurance auto et habitation.