Petit à petit, les réseaux bancaires ont piétiné les plates-bandes des assureurs. Et ils vont être difficiles à déloger… Alors que les précurseurs (Crédit Agricolegricole et Crédit Mutuel) ont commencé à distribuer des produits d’assurance dans les années 1980, les bancassureurs détenaient 36 % de parts de marché en assurance en 2009, selon la dernière édition de l’étude annuelle du cabinet de conseil Facts & Figures (publiée ce mercredi). Les courtiers affichent 18 % de parts de marché, les mutuelles d’assurance 13 %, et les agents généraux d’assurance 11 %. « La bancassurance commence à faire mal et à peser sur l’équilibre économique de la profession », atteste Cyrille Chartier Kastler, président du cabinet. Avec un maillage serré du territoire, des contacts plus fréquents avec le client que les assureurs et des tarifs compétitifs, les réseaux bancaires disposent d’une force de frappe redoutable. Les bancassureurs occupent 53 % du marché de l’assurance-vie, un produit facile à vendre pour des conseillers déjà familiers des offres d’épargne. Et depuis quelques années, les bancassureurs chassent même sur les terres des mutuelles comme Maaf, MMA ou Maif, dont le coeur de métier est l’assurance auto et habitation. Si ces produits ont d’abord été difficiles à appréhender par les conseillers bancaires, les bancassureurs atteignaient les 12,5 % de parts de marché en dommage.
Mais du côté des assureurs, la réaction tarde à venir. Représentant 13 % de parts de marché, les partenariats peuvent constituer une nouvelle manne pour les assureurs. Que ce soit des alliances avec des courtiers grossistes ou des plates-formes d’ingénierie financière. Ou avec des distributeurs étrangers à l’industrie assurantielle, qui peuvent proposer des garanties spécifiques à leurs clients.
Les concessions automobiles peuvent être une cible de choix. Aviva dispose ainsi de partenariats avec Mercedes, Ford ou Opel, et Allianz avec Daimler. Des courtiers d’assurance distribuent leurs offres auprès d’opérateurs de téléphonie mobile : SPB pour SFR ou Gras Savoye pour Bouygues Télécom.
La grande distribution est aussi un secteur qui recèle des opportunités. MMA fournit les produits d’assurance dommage de Carrefour, Axa l’assurance-vie. Et Groupama, via sa filiale Amaline Assurances, a lancé des offres d’assurance en libre-service dans les rayons de Casino, sous forme de cartes prépayées.
La Toile encore discrète
Les assureurs doivent aussi compter avec Internet. Certains se sont donc mis à la vente directe d’assurance sur la Toile, comme Groupama avec Amaguiz ou Macif avec IDMacif. D’autres investissent pour accroître leur présence sur les comparateurs ou distribuent leurs contrats d’assurance-vie via des banques en ligne, comme Generali sur Boursorama ou ING Direct. Mais ces initiatives restent encore trop clairsemées pour renverser réellement la vapeur.