Axa a sorti « ses tripes » pour convaincre de la pertinence de sa stratégie. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Henri de Castries, le PDG, aux analystes financiers réunis mercredi à l’occasion de la journée investisseurs à Paris. Il fallait frapper fort car le groupe avait échoué dans cet exercice de conviction lors de la précédente journée investisseurs en novembre. La sanction des marchés n’avait pas tardé. Au total, l’action avait reculé de près de 25 % en 2010. La présentation détaillée du plan stratégique 2011-2015 est cette fois mieux reçue, comme l’a illustré la hausse de 1,45 % du titre Axa clôturant mercredi à 15 euros. Il confirme la bonne tendance depuis le début de l’année puisque l’action a gagné plus de 20 %.
Le projet « Ambition Axa » prévoit de doubler de taille dans les marchés émergents et de faire preuve de « sélectivité » dans les marchés matures. « Ce n’est pas la croissance du chiffre d’affaires qui importe, c’est sa profitabilité », a indiqué Henri de Castries. Concrètement sur les marchés matures, des segments seront privilégiés comme ceux des PME, des familles, des plus de 50 ans et des clients fortunés. D’autres seront délaissés comme certains risques d’assurance dommages et en assurance-vie, l’épargne des fonds généraux en euros. « Nous allons réorienter l’activité d’épargne en nous concentrant sur des produits moins consommateurs de capital et plus générateur de cash-flow », a indiqué le patron d’Axa. L’objectif est de vendre plus d’unités de compte. En parallèle sur ces mêmes marchés matures, 1,5 milliard d’euros d’économies de coûts seront réalisées en cinq ans dont 300 millions sur l’informatique, 200 millions sur les achats, 400 millions sur la distribution d’assurances dommages et 600 millions grâce à l’amélioration de l’efficacité opérationnelle.La nouvelle stratégie passe aussi par des cessions. Comme l’illustre la vente de sa filiale au Canada (lire ci-contre) annoncée mardi soir. « Nous avions vendu nos activités aux Pays-Bas », a rappelé Henri de Castries ajoutant qu’il « n’y a pas de vaches sacrées dans la zone euro ».
Acquisitions
Une part plus importante du capital sera allouée aux pays émergents dans lesquels l’assureur espère multiplier par 2,5 ses profits de façon organique d’ici à 2015. « Il pourrait y avoir des acquisitions dans les pays émergents », a ajouté le PDG du groupe indiquant avoir regardé récemment en Biélorussie. « En Amérique latine, nous regardons le Brésil car nous souhaitons y entrer à terme », a-t-il précisé. Il compte, pour ce faire sur une partie des 24 milliards d’euros cumulés de cash-flow opérationnel annoncés d’ici à 2015, dont 11 milliards générés par la seule branche assurance vie-épargne retraite.
En fixant la croissance du résultat opérationnel à 10 % par an d’ici à 2015, Henri de Castries estime l’objectif « raisonnable et ambitieux compte tenu des aléas ». Quant aux 15 % de rentabilité courante des capitaux propres, il se défend de toute volonté de « s’aligner sur les objectifs annoncés par d’autres sociétés financières du secteur ».
S. So.