Antoine Lissowski, amministratore delegato di CNP Assurances, discute l’impatto dei tassi negativi. Ha anche menzionato la fusione con La Banque Postale, che entrerà in vigore all’inizio del 2020.
Propos recueillis par Romain Gueugneau @romaingueugneau et Thibaut Madelin
Fitch et Moody’s viennent de mettre sous surveillance négative le secteur de l’assurance-vie. Faut-il s’inquiéter ? Non, ce qui se passe n’est pas une surprise. La conjoncture de taux négatifs apparue cet été prolonge une longue période de baisse des taux. C’est un changement de paradigme, car les taux pourraient rester bas très longtemps. Cela n’est pas sans conséquence sur le modèle économique de l’assurance en général, et de l’assurance-vie en particulier.
Pourquoi ? Dans l’assurance, il y a d’une part le résultat technique, c’est-à-dire la marge entre les risques que l’assureur a prévus et donc tarifés et ceux qui se produisent effectivement. Et d’autre part le résultat financier, c’est-à-dire les revenus des placements réalisés par la compagnie. Dans l’assurance-vie, la partie financière est prédominante. Avec le passage en taux négatif le modèle change, les rendements de l’investissement baissent puisqu’il y a moins de revenus financiers, ce qui n’est pas une découverte pour CNP Assurances. Depuis plusieurs années, la stratégie du groupe est précisément de se réorienter vers les activités de risques et de réduire la part des activités d’épargne.
Dans quel sens le modèle est-il remis en cause ? Pendant des décennies, les épargnants se sont tournés vers un assureur pour bénéficier d’une protection de leur épargne tout en ayant une liquidité à tout moment et une espérance de rendement. En 1980, les taux français à 10 ans étaient supérieurs à 17 % ! Et depuis ça baisse ! Durant toute cette période, personne n’avait de problème : les rendements des assurés étaient élevés, les assureurs constataient des plus-values latentes et les réseaux de distribution étaient bien rémunérés. Dès lors que les taux sont bas, ce modèle est caduc et les assureurs
doivent réinventer une réponse aux besoins de protection des assurés.
Est-ce pour cela que vous faites appel à l’Etat pour assouplir les règles de calcul du ratio de solvabilité ? Il s’agit avant tout d’un sujet technique. Les assureurs ont constitué des provisions pour participation aux bénéfices (PPB) qui appartiennent aux assurés et qui ne sont pas des fonds propres au sens comptable du terme. Pourquoi ne pas les compter dans les ratios prudentiels Solvabilité II comme éléments de protection ? La meilleure preuve, c’est que les Allemands ont une provision assez analogue et l’ont introduite dans leur taux de couverture au démarrage de Solva II. Chez nous, cela n’a pas été le cas. Il faut rétablir un « level playing field », c’est-à-dire une égalité de traitement entre assureurs des différents pays.
Mais que se passera-t-il en cas de défaut d’un assureur ? Il existe une réglementation très précise en cas de difficulté d’un assureur pour organiser son rétablissement ou éventuellement sa disparition, qu’on appelle « résolution ». Dans ce cas c’est l’autorité de contrôle qui prend les choses en main en donnant la priorité aux assurés.
Pourquoi la décision est-elle sensible alors ? Je pense qu’il y a eu une confusion quand certains ont parlé de fonds propres au sujet de la PPB alors que celle-ci n’appartient pas aux actionnaires et doit revenir de toute façon aux assurés.
Allez-vous abaisser à 1 % le rendement de vos fonds euros, comme certains concurrents ? Il y aura effectivement une baisse significative des rendements. Au fil des années les rendements sont descendus aux alentours de 3 % puis de 2 % et maintenant de 1 %. L’essentiel est de préserver l’intérêt de nos clients sur le long terme et d’éviter de trop grandes disparités entre les produits. C’est à cela que nous réfléchissons avec nos partenaires, La Banque Postale ou BPCE, qui communiqueront leur taux en janvier.
L’euro-croissance, qui sera renouvelé, est-il la solution ? L’euro-croissance est une partie de la solution, mais il faut raisonner plus globalement. Nos clients ont toujours trouvé chez CNP Assurances une solution à leurs besoins de protection à long terme. Nous devons renouveler notre proposition pour continuer à répondre à leurs attentes en tenant compte de l’évolution de l’environnement de taux bas. Le client très adverse aux risques disposera toujours des produits euro, avec des rendements moins intéressants que par le passé. Il aura aussi accès à de nouvelles formules dont l’euro-croissance, les unités de compte ou le PER. Nous constituons ainsi avec nos réseaux des « bouquets » combinant épargne avec prévoyance. Il s’agit d’abord d’un défi commercial. Cela va conduire à élaborer une démarche de conseil beaucoup plus étoffée, pour accompagner nos partenaires, nos réseaux de distribution et nos clients.
Groupama et la Mutuelle Générale… Oui, il faudra discuter avec les partenaires actuels de La Banque Postale le moment venu. Il faut toutefois mettre les choses en
perspective : il y a vingt ans, CNP Assurances travaillait avec les services financiers de La Poste. C’est devenu La Banque Postale, créée en 2006, qui se diversifie rapidement. Rappelons également que CNP Assurances, de son côté, était, il y a trente ans un département de la Caisse des Dépôts et Consignations. Nous sommes ensuite devenus une société d’assurances, qui a été cotée en Bourse et s’est développée à l’international. Notre rapprochement est donc dans la logique de l’histoire commune des deux sociétés. Propos recueillis par R. G. et T. M.
Votre rapprochement avec La Banque Postale sera prêt au 1er janvier ? Tous les acteurs du dossier sont engagés pour que ce soit prêt début 2020.
Qu’est-ce qui va changer pour vous ? Nous sommes un groupe multipartenarial et international, ce qui ne va pas changer. Ce qui a déjà changé c’est que le projet de rapprochement avec La Banque Postale, qui a démarré de façon opérationnelle en août 2018, donne une puissance plus grande à notre partenariat. Nous avons plusieurs chantiers en cours, comme dans le domaine de la digitalisation, où nous travaillons pour apporter une réponse plus complète à nos clients. Dans un deuxième temps, CNP Assurances est appelée à être l’assureur généraliste de La Banque Postale, c’est-à-dire à adresser tous les métiers d’assurance de personne et d’assurance dommages.
Mais La Banque Postale travaille aujourd’hui avec Groupama et la Mutuelle Générale… Oui, il faudra discuter avec les partenaires actuels de La Banque Postale le moment venu. Il faut toutefois mettre les choses en
perspective : il y a vingt ans, CNP Assurances travaillait avec les services financiers de La Poste. C’est devenu La Banque Postale, créée en 2006, qui se diversifie rapidement. Rappelons également que CNP Assurances, de son côté, était, il y a trente ans un département de la Caisse des Dépôts et Consignations. Nous sommes ensuite devenus une société d’assurances, qui a été cotée en Bourse et s’est développée à l’international. Notre rapprochement est donc dans la logique de l’histoire commune des deux sociétés.
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