NICOLAS RAULINEBUREAU DE NEW YORK
LES CONSÉQUENCES DE L’ACCORD TROUVÉ PAR LES DEUX PARTIES POURRAIENT ÊTRE IMMENSES.
C’est l’une des plus grosses opérations de l’année aux Etats-Unis, tous secteurs confondus, et elle est de nature à rebattre les cartes dans l’assurance et la vente de médicaments. CVS, qui possède 10.000 pharmacies et cliniques à travers le pays, a annoncé qu’il avait trouvé un
accord
pour le rachat d’Aetna, le numéro trois des assureurs-santé américains, pour 69 milliards de dollars.
Avec ce rapprochement, CVS et Aetna pourraient lancer des offres combinées. Les deux nouveaux partenaires disposent d’une position privilégiée sur le marché et couvrent quasiment tous les besoins de santé quotidiens. « Nous pensons que cela va créer une nouvelle porte d’entrée pour les soins médicaux aux Etats-Unis », a lancé le patron de CVS Health, Larry Merlo.
Chez de nombreux employeurs, en particulier les plus gros, la couverture santé reste en effet décorellée de la prescription de médicaments. Cela pourrait changer chez les clients d’Aetna et entraîner une baisse des prix – c’est en tout cas le principal argument des deux sociétés.
Reconfiguration
Le secteur de la santé est soumis à de fortes pressions et de profondes transformations. Les coûts médicaux sont de plus en plus importants pour les consommateurs et les employeurs aux Etats-Unis, alors que les projets du Congrès, actuellement en discussion, vont dans le sens d’une baisse des dépenses publiques. Les assureurs espéraient limiter leurs coûts (l’économie annoncée par CVS et Aetna est de 750 millions de dollars) en s’alliant.
Reste que le rachat pourrait attirer l’attention des autorités, dans un contexte, là encore, délicat. Cette année,
deux opérations ont été rejetées
par l’antitrust américain dans l’assurance-santé : l’acquisition d’Humana par Aetna pour 34 milliards de dollars, et celle de Cigna par Anthem pour 54 milliards. Cette fois, la donne est différente car les activités de CVS et Aetna ne sont pas concurrentes, mais récemment le département de la Justice s’est opposé à un autre deal « vertical », entre
AT&T et Time Warner
. Le rapprochement entre CVS et Aetna a aussi ses détracteurs, qui pensent qu’il conduira à une limitation du choix pour les patients, tandis que la baisse des prix n’est pas garantie.
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