Vieillir en France est plus doux que dans d’autres pays développés. C’est ce qui ressort du projet de rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui doit être rendu public jeudi et dont « Les Echos » ont eu la copie. L’année dernière, le COR s’était penché sur les grands équilibres financiers du système de retraite. Cette fois, il observe la situation matérielle et même le bien-être ressenti par les retraités.
L’une des missions de la Sécurité sociale est de garantir un niveau de vie satisfaisant aux retraités, c’est-à-dire le revenu disponible après impôts et transferts sociaux. Mais, comme le relève le COR, la vigie des retraites, il n’y a pas de définition officielle. Les textes ne fixent qu’un seuil de référence : il faut que la première pension atteigne au moins deux tiers du dernier salaire. Le taux de remplacement médian satisfait ce critère, puisqu’il est de 73,3 %, avec une pension moyenne brute de 1.884 euros pour les hommes et de 1.314 euros pour les femmes en 2013.
En revanche, que penser du niveau de vie relatif ? Il grimpe, car les retraités ont moins de personnes à charge. En 2013, il était estimé à 2.049 euros par mois et par unité de consommation. C’est presque autant que celui des actifs (2.062 euros). Mais c’est plus que celui de l’ensemble de la population (1.946 euros), et beaucoup plus que celui des 18-24 ans (1.671 euros par mois). « Cette quasi-parité de niveaux de vie s’observe depuis une vingtaine d’années et devrait se prolonger encore une dizaine d’années », constate le COR, qui ne porte aucun jugement. La dégradation attendue du niveau de vie s’explique par l’indexation des pensions sur les prix et non sur les salaires.
Au sein de l’OCDE, la France fait de nouveau figure d’exception. Il y a quelques jours, « Le Panorama des pensions » montrait que c’était dans l’Hexagone que l’on passait le plus de temps à la retraite (plus de 27 années pour les femmes). Cette fois, le rapport du COR montre qu’avec un niveau de vie de 100,4 % de celui de l’ensemble de la population, les plus de 65 ans français sont bien mieux lotis financièrement que les autres dans l’OCDE, qui sont en moyenne à 86,8 %.
Aisance financière
En réalité, l’aisance financière relative des seniors est sans doute encore plus élevée. En effet, les retraités sont plus souvent propriétaires de leur logement, et n’ont plus besoin d’épargner pour l’acquérir. Ils ont déjà constitué leur patrimoine, qui est donc plus élevé que celui des actifs. A 174.000 euros brut en 2010 contre 149.000 euros pour les actifs, l’écart de 17 % en leur faveur s’est creusé de 7 points en six ans. Ils consomment moins, même si les jeunes retraités se rattrapent par rapport aux générations abstinentes ayant vécu la guerre et ses privations. En fin de compte, le « bien-être » des retraités est réel, alors que leur santé dégradée et leur isolement social auraient pu faire craindre le contraire. « Il apparaît que la satisfaction dans la vie en France remonterait très sensiblement entre 50 ans et 65 ans, atteignant un niveau maximal, supérieur à celui ressenti à 20 ans, entre 65 ans et 70 ans », écrit le COR. L’assurance-vieillesse a bien travaillé.