C’est la plus grosse fusion dans le secteur de l’assurance au Royaume-Uni depuis près de quinze ans. Vendredi, Aviva, le numéro deux du secteur outre-Manche, a annoncé l’acquisition de son concurrent Friends Life, britannique lui aussi. L’opération, entièrement financée en actions Aviva, valorise la cible 5,6 milliards de livres (7,1 milliards d’euros), 15 % de plus que le cours de l’action Friends avant l’annonce. L’offre est recommandée par le conseil d’administration de Friends Life.

Si elle aboutit – l’acquéreur a jusqu’au 19 décembre pour faire une offre formelle -, la fusion des deux sociétés donnerait naissance au « leader par le nombre de clients au Royaume-Uni dans le domaine de l’assurance, de l’épargne et de la gestion d’actifs », ont déclaré les deux groupes dans un communiqué commun. Friends Life a été mis sur pied en 2008 par l’entrepreneur Clive Cowdery, à travers l’acquisition de Friends Provident et de l’activité d’assurance-vie britannique d’AXA notamment. Clive Cowdery et les autres actionnaires de Friends Life détiendraient 26 % du capital du nouvel ensemble. Celui-ci serait valorisé environ 20 milliards de livres, ce qui le placerait encore loin derrière Prudential, le premier assureur britannique, qui pèse pas loin du double en Bourse.

 
 

Un secteur pénalisé

Il s’agit de la plus grosse opération lancée par Mark Wilson, arrivé à la tête d’Aviva il y a bientôt deux ans après une révolte d’actionnaires qui a conduit au départ de son prédécesseur. Le secteur de l’assurance britannique est secoué, depuis le printemps dernier, par l’annonce d’une réforme des règles pour le système de retraites privé. Le ministre des Finances, George Osborne, veut supprimer l’obligation pour les Britanniques de contracter une rente viagère lorsqu’ils partent à la retraite. Ils pourront utiliser leur épargne retraite de façon beaucoup plus libre. Les assureurs, qui sont les premiers fournisseurs de ce type de produits, seront pénalisés par cette réforme.

Au regard de ces changements, certains investisseurs doutent justement de l’intérêt de cette fusion pour Aviva, qui renforcera ses activités en Grande-Bretagne. « Il y aura certes quelques synergies de coûts et l’opération pourrait améliorer la capacité de versement de dividendes d’Aviva. Mais elle est en contradiction avec les commentaires de la direction sur le caractère trop centré sur le Royaume-Uni d’Aviva », estime ainsi Barrie Cornes, analyste chez Panmure Gordon, cité par l’agence Reuters. 

Vincent Collen, Les Echos