La mort d’un enfant de onze ans des suites d’une opération de l’appendicite qui aurait dû être banale est un drame absolu. Une enquête judiciaire est en cours sur l’accident de la clinique de Metz et il est donc trop tôt pour formuler une appréciation sur ce qui s’est passé. On soulignera seulement, à ce stade, l’admirable dignité des parents, qui ont porté plainte non pas par esprit punitif contre tel ou tel chirurgien, mais pour connaître la vérité sur les circonstances du décès de leur fils.
Notre société ne fait pas toujours preuve de la même dignité en pareille occasion. La réaction la plus fréquente est d’exiger sur le champ des coupables et des sanctions. Il faut pourtant, en matière médicale, bien mesurer l’impact des procédures judiciaires que l’on entend opposer aux professionnels de santé. Et cette mesure passe par une distinction attentive entre la faute médicale et l’erreur médicale. Nul ne conteste qu’en ce domaine comme en tout autre une faute doit être sanctionnée et donner lieu à réparation au bénéfice de la victime. Mais tout échec dans les soins prodigués à un patient est-il nécessairement le fruit d’une faute ? Il est évident que non lorsque la force de la maladie l’emporte sur les outils puissants mais limités dont dispose la science médicale à une époque donnée. La réponse doit être également négative dans les cas où le médecin s’est trompé dans son diagnostic après avoir procédé à une analyse consciencieuse des données dont il disposait, ou encore lorsque le chirurgien manque un geste réputé facile qu’il a réussi mille fois et que par fatigue ou malchance il va rater la fois suivante. Pourquoi faut-il accorder au médecin le droit à l’erreur ? Non pas tant par grandeur d’âme que parce que, si on le lui refuse, il risque de se réfugier dans une attitude pusillanime, dans un excès de prudence destiné à le protéger de la justice et qui, en définitive, fera perdre au patient des chances de guérison alors que son audace aurait pu lui en faire gagner.