BPCE Assurances a abattu ses cartes dans le dossier CNP Assurances. Lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu hier chez le premier assureur-vie français, le groupe bancaire mutualiste a confirmé sa volonté de ne plus distribuer, à partir du 1er janvier 2016, au sein de son réseau des Caisses d’Epargne de nouveaux contrats produits par CNP ( « Les Echos » du 11 octobre ). Un choix « longuement mûri », explique aux « Echos » François Pérol, le président du directoire de BPCE, qui dément toute posture tactique (lire ci-contre).
« Il ne faut pas préempter l’issue de discussions qui ne font que commencer, tempère un administrateur de CNP. Nous avons tous, au sein du conseil, la volonté de montrer que, même s’il n’est pas question de renouveler le partenariat à l’identique, il reste un espace de jeu possible. » Dans cette logique, les administrateurs ont créé un comité ad hoc qui sera chargé d’éclairer le conseil d’administration sur l’impact des différentes options qui pourraient être prises au fil des négociations à venir. Ce comité sera composé de sept administrateurs : 2 représentants de la Caisse des Dépôts, 1 de l’Etat, 3 indépendants et le président de la CNP, Jean-Paul Faugère. Il ne comprendra en revanche aucun des deux réseaux distributeurs, La Banque Postale et les Caisses d’Epargne.
Si François Pérol semble déterminé à ne pas renouveler l’accord commercial qui le lie avec l’assureur, lui-même laisse la porte ouverte à d’autres développements. D’autant que cette entreprise s’annonce ardue à plus d’un titre. Actionnaire de la CNP à hauteur de 18 %, BPCE ne peut pas se permettre de trop déstabiliser le géant de l’assurance-vie français, au capital duquel il compte rester. D’autant que le dossier est politiquement sensible, l’Etat et son bras armé, la CDC, détenant au total 41 % du capital. D’un point de vue financier, l’enjeu est de taille pour le groupe bancaire, qui a perçu 833 millions d’euros de commissions de la part de la CNP l’an dernier. La compagnie d’assurances conservant le stock de contrats Caisse d’Epargne, « il faudra certainement repartir sur de nouvelles bases pour le taux de commissionnement sur encours »,expliquent deux sources.
BPCE renonce aussi à se servir de l’usine de production la plus compétitive du marché. Beaucoup plus petit, Natixis ne pourra a priori pas offrir des coûts de gestion équivalents. « La différence sera répercutée sur les clients ou sur les marges », estime un proche du dossier.
Sur le plan commercial, tout l’enjeu pour BPCE Assurances sera de proposer des contrats aussi attractifs pour l’épargnant alors même que les taux d’intérêt sont bas. « Chez CNP, la marge est payée par l’existence d’un vieux et gros portefeuille », signale un protagoniste du dossier. La plate-forme de Natixis n’a pas ce type de marge de manoeuvre. Il n’en reste pas moins que, pour la CNP, cette décision sonne comme une remise en cause de son modèle. A elle de reprendre la main en prouvant à BPCE qu’elle reste un partenaire incontournable.