Comme il y a trois ans, en pleine crise financière, l’assurance-vie connaît cet automne un nouvel épisode de décollecte. Mais, contrairement à 2008, la réplique ne s’est pas fait attendre. La différence entre les primes engrangées et les prestations versées par les assureurs-vie est restée négative deux mois d’affilée : – 1,4 milliard en octobre après – 1,8 milliard en septembre. Une première depuis que l’Association française de l’assurance (AFA) publie des chiffres mensuels. En 2008, la collecte nette était redevenue positive en novembre après un octobre noir (- 3,1 milliards d’euros) et avant un mois de décembre encore un peu dans le rouge (- 400 millions).
Sur les dix premiers mois de 2011, la collecte nette reste cependant positive de 17,7 milliards d’euros, mais en recul de 63 % par rapport à l’an dernier. Les versements s’élèvent à 107 milliards, en baisse de 12 %, tandis que les prestations atteignent 89,3 milliards, en hausse pour leur part de 21 %. Quant aux encours de l’assurance-vie, qui totalisent 1.375 milliards d’euros fin octobre, ils restent en progression de 4 % sur un an. A ces niveaux, deux mois de décollecte n’ont que peu d’impact.
Phénomène structurel
Pour autant, le phénomène est suffisamment rare pour inquiéter. L’assurance-vie rencontre actuellement une conjonction de difficultés. Tout d’abord, la conjoncture. Très incertaine, elle semble peu propice aux placements financiers, aussi sûrs soient-ils. Même le Livret A, qui s’achemine pourtant vers une nouvelle année record, a connu un petit mois d’octobre avec sa plus basse collecte nette depuis janvier. En outre, la crise favorise les rachats totaux ou partiels de la part d’assurés contraints, par exemple, de rembourser des mensualités ou de faire face à des imprévus. Mais le phénomène est aussi plus structurel, avec le départ progressif à la retraite de la génération du baby-boom, qui compense la baisse de ses revenus en puisant dans son assurance-vie.
Les retraits sont d’autant plus importants que les taux servis sur les contrats en euros (sans parler des performances des contrats investis en unités de compte) ont perdu de leur attrait. AXA a ouvert le bal des annonces, vendredi, avec un rendement minimal de 3 % sur ses principaux contrats, en baisse de 30 centimes par rapport à l’an dernier. Cette tendance devrait se retrouver chez la plupart des assureurs.
D’autres éléments viennent par ailleurs pénaliser le placement préféré des Français. Les banques ne poussent plus comme auparavant leurs clients vers l‘assurance-vie, préférant les orienter vers des produits dits bilantiels (livrets bancaires, dépôts à terme…), qu’elles peuvent utiliser pour améliorer leurs ratios de liquidité. Enfin, le débat récurrent sur le statut fiscal de l’assurance-vie n’est pas propice à son essor à quelques mois d’une importante échéance électorale.