LAURENT THÉVENIN
LE QUATRIÈME RÉASSUREUR MONDIAL A SUBI UNE PERTE NETTE DE 267 MILLIONS D’EUROS AU TROISIÈME TRIMESTRE. LA RÉCENTE SÉRIE DE CATASTROPHES NATURELLES MARQUE, SELON LUI, LA FIN DE SIX ANS DE BAISSE DES TARIFS.
La série de catastrophes naturelles survenues depuis la fin août va laisser des marques profondes dans les comptes des réassureurs. SCOR a ainsi publié, jeudi, une perte nette de 267 millions d’euros au troisième trimestre, après que les ouragans Harvey, Irma et Maria, ainsi que les séismes au Mexique lui ont coûté 430 millions d’euros (après rétrocession et impôts).
Sur les neuf premiers mois de l’année, le quatrième réassureur mondial a toutefois dégagé un résultat net de 25 millions d’euros.
Cette succession d’événements de grande ampleur, « comme il n’en arrive qu’une fois tous les vingt-cinq ans environ, était dans l’espace de nos probabilités », explique
Denis Kessler, le PDG de SCOR
. « C’est notre métier de faire face à ce type d’événement », rappelle-t-il. Selon lui, le réassureur a fait « la preuve de sa capacité à absorber le choc », grâce à son modèle « très diversifié mondialement » et sa politique de rétrocession (le transfert d’une partie des risques à d’autres réassureurs).
Alors que d’autres réassureurs vont devoir supporter une charge de sinistres beaucoup plus lourde
, SCOR dit avoir « moins subi ces événements que [ses] concurrents ». « En ce qui nous concerne, il s’agit d’un ‘earnings event’ [un événement qui a un impact sur les résultats, NDLR], pas d’un ‘capital event’. Nous n’avons pas ‘mangé’ notre capital », insiste Denis Kessler.
A 213 % à fin septembre, le ratio de solvabilité de SCOR se situait toujours dans le haut de la fourchette visée dans son plan stratégique (185 %-220 %). Le groupe français a par ailleurs confirmé les objectifs financiers du plan. « Nous maintenons notre politique de dividende tout comme notre programme de rachats d’actions », indique par ailleurs Denis Kessler. A la suite de ces annonces, le titre SCOR a terminé sur une progression de 2,76% à la Bourse de Paris, après avoir perdu jusqu’à 3 % en début de séance.
Onde de choc très étendue
Estimant à 95 milliards de dollars le coût total de ces récentes catastrophes naturelles pour l’industrie de l’assurance
, SCOR s’attend à une remontée des tarifs de la réassurance pour les renouvellements de programme du 1er janvier 2018. « C’est très clair après Baden-Baden [l’un des grands rendez-vous du secteur qui s’est tenu jusqu’à jeudi dans cette ville allemande, NDLR] », affirme Denis Kessler.
C’est donc la fin de « six ans » de baisse continue des tarifs de la réassurance des catastrophes naturelles qui est en vue. Et à entendre SCOR, l’onde de choc sera très étendue. « On peut anticiper une hausse des tarifs au-delà des Etats-Unis et des Caraïbes pour une raison simple : la réassurance globalise le risque au niveau mondial […]. Les lignes ‘cat’ seront bien sûr les premières concernées, mais notre conviction est que cela va s’étendre à d’autres lignes d’activité et à tous les marchés », estime Denis Kessler. Globalement, la réaction du seteur sera « robuste », anticipe-t-il.
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