EDOUARD LEDERER
L’assurance-vie se met en mode pause. Au mois de septembre, la collecte nette d’un des placements favoris des épargnants français a été de… zéro, selon les derniers chiffres de la Fédération française de l’assurance. Concrètement, les dépôts et les retraits se sont portés exactement au même niveau le mois dernier (9,6 milliards d’euros déposés, et la même somme retirée) ce qui fait dire à la Fédération que la collecte est «à l’équilibre ». En réalité, il s’agit là de la moins bonne performance de l’assurance-vie, après trente-deux mois de collecte nette positive. Pour mémoire, la dernière collecte nette négative remonte à décembre 2013.
Tendance lourde en 2016
La chute de la collecte d’assurance-vie est
une tendance lourde depuis le début de l’année
dans un environnement de taux faibles. Les épargnants – qui optent en majorité pour les fonds en euros de l’assurance-vie (moins rémunérés mais garantis) – ont peu à peu incorporé les messages des autorités : le fonds en euros devrait voir sa rémunération fondre en 2016. Dans le même temps, la possibilité d’investir en unités de compte (UC) des contrats non garantis mais potentiellement plus rémunérateurs ne convainc pas massivement. De quoi créer de l’attentisme. « Cette tendance s’est encore amplifiée récemment avec les polémiques qui ont entouré la loi Sapin II [en cours de discussion au Parlement, NDLR] », indique l’économiste Philippe Crevel. Le texte de loi prévoit, en effet, dans certaines situations critiques de limiter les possibilités de rachat par les clients. « Il en a résulté des cotisations un peu plus faibles et des rachats un peu plus importants. Malgré tout, il n’y a pas eu de retraits massifs.La possibilité de geler des contrats même si cela répond à un objectif de sécurisation du placement a été perçue par certains épargnants comme une remise en cause de leurs contrats », poursuit Philippe Crevel.
Côté assureurs, cet atterrissage des cotisations n’est toutefois pas forcément une mauvaise nouvelle. En effet, la préférence des épargnants pour le fonds en euros pèse sur leur rentabilité. En particulier : «le contexte de taux bas exerce une pression sur la rentabilité des organismes : il conduit à une situation où les rendements des titres entrant en portefeuille sont inférieurs aux taux servis sur les polices d’assurance »,
soulignait récemment le gouverneur de la Banque de France
. Les assureurs seraient au contraire preneurs d’une collecte bien davantage orientée vers les UC, plus rentables et moins gourmandes en fonds propres. En septembre, ces contrats ont représenté moins de 20 % du total des versements.
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