L’assurance-vie poursuit son parcours en dents de scie. Après une collecte nette quasi nulle en août, le placement a drainé en septembre 1,3 milliard d’euros, selon les estimations de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) publiées hier. Cette embellie porte, au 30 septembre, l’encours total de l’assurance-vie à 1.445,9 milliards d’euros, soit une progression de 5 % sur un an.
Ce redressement est toutefois très largement le fait d’éléments conjoncturels. C’est, en effet, moins la dynamique de la collecte que le faible niveau de prestations qui a joué le mois dernier : les retraits et les rachats par les détenteurs de contrat n’ont représenté que 7,7 milliards d’euros, contre 8,5 milliards en septembre 2012. C’est le deuxième niveau le plus bas sur un an. Dans le même temps, les clients ont versé 9 milliards d’euros sur leurs supports, ce qui a assuré un différentiel favorable. Dans une logique de vases communicants, les contrats d’assurance-vie ont visiblement bénéficié de la moindre attractivité du Livret A, dont le taux a baissé le 1er août pour retrouver son plancher historique de 1,25 %. Dans la foulée, le produit d’épargne liquide a enregistré une décollecte de 1,56 milliard d’euros en septembre, un montant quasi équivalent aux sommes drainées par l’assurance-vie.
Les montants drainés par cette dernière le mois dernier n’en restent pas moins faibles. Au regard des douze derniers mois, ils se situent parmi les cinq plus faibles collectes. Sur l’ensemble de l’année, les versements des particuliers ont totalisé 89,9 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 8,3 % sur un an. Encore une fois cette progression est à relativiser tant l’année 2012 fut catastrophique pour l’assurance-vie. A l’inverse, les prestations (rachats et retraits) ont reculé de 13 % pour atteindre 78,7 milliards d’euros.
L’horizon de l’assurance-vie ne s’éclaircit pas tant son cadre fiscal est incertain. Les députés ont voté mercredi une hausse rétroactive des prélèvements sociaux, à 15,5 %, sur les revenus des contrats. Les assureurs sont aussi dans l’attente des arbitrages définitifs de Bercy sur le futur produit d’assurance-vie « euro-croissance ». Toute la question est de savoir comment le gouvernement s’y prendra pour diriger les épargnants les plus aisés vers ce produit. Les assureurs craignent qu’en les contraignant trop Bercy n’obtienne l’inverse en les détournant du produit.