Prodiguer aux assurés des conseils médicaux à distance : l’idée, qui a déjà fait ses preuves à l’étranger, se répand dans l’Hexagone. Les assisteurs français s’emparent du marché en proposant des services de téléconseil aux personnes assurées chez leurs partenaires en complémentaire santé.
Dernier en date, Mondial Assistance a annoncé vendredi dernier qu’il allait lancer une offre d’aide à l’automédication, effective au premier janvier 2013. La filiale de Allianz Global Assistance a déjà conclu un partenariat avec un assureur santé, dont elle n’a pas voulu dévoiler le nom. Les bénéficiaires pourront s’adresser à une équipe de 23 médecins pluridisciplinaires salariés pour les assister en cas de besoin. Ce service, déjà mis en oeuvre en Angleterre et en Suisse, « permet de faire diminuer les consultations de 50 % », affirme Laurent Goldstein, directeur santé de Mondial Assistance. « L’assureur partenaire réalise des gains, car ce service limite les dépenses de médicaments et les remboursements », précise-t-il.
En France, la pratique du téléconseil, jusqu’ici interdite, a été rendue possible par le décret sur la télémédecine d’octobre 2010. Selon une enquête TNS Sofres réalisée au printemps 2012 pour Mondial Assistance, les attentes des Français en matière de santé à distance sont grandissantes. Les déserts médicaux, le manque de disponibilité des praticiens et la baisse du budget consacré aux dépenses de santé incitent de plus en plus de Français à se passer d’un médecin. Six Français sur dix s’autogèrent face à un symptôme, selon l’enquête. Pour 39 % d’entre eux, le recours à l’automédication s’effectue par contrainte, en raison de difficultés d’accès au médecin. « Il y a un vrai problème de démographie médicale. Dans dix ans, le nombre de médecins devrait être réduit de 10 % », estime Laurent Goldstein.
Deux personnes sur trois estiment que le conseil médical à distance pourrait dans certains cas remplacer une consultation chez le médecin. Serge Smadja, le secrétaire général de SOS Médecins, estime que le téléconseil « ne peut être destiné à remplacer l’acte médical. La régulation médicale ne peut pas être mise en place pour éviter des consultations qui coûtent cher à la société ». AXA Assistance prodigue également à ses assurés des conseils médicaux à distance, mais l’assisteur « refuse de se substituer aux services publics de triage médical, comme le Samu. Sans compter que le médecin traitant prend aussi en charge ses patients au téléphone », relève Jean Kramarz, directeur du réseau médical international AXA Assistance et spécialiste « télésanté ». Même constat chez Europ Assistance, qui propose uniquement un accompagnement pré-et post-hospitalisation à ses assurés.
AXA Assistance indique cependant réfléchir à une véritable offre de téléconsultation. « Il nous semble logique d’aller plus loin en réalisant notamment des prescriptions à distance. Nous souhaitons mettre à profit les outils technologiques tels que le dossier médical électronique et les systèmes médicaux communicants à distance, tout en conservant la relation privilégiée entre le patient et son médecin traitant », explique Jean Kramarz. Il s’agit encore pour l’heure de pistes de réflexion.