Intervista a CYRIL BLESSON di PAIR CONSEIL sulla raccolta vita a settembre
La crise financière de cet été a probablement nourri une forte vague de rachats sur les unités de compte, comme fin 2008. C’est un phénomène conjoncturel. Il se double probablement de rachats importants sur les fonds en euros par des épargnants inquiets de la tournure de la crise de la dette souveraine. Tout cela vient s’ajouter à la hausse tendancielle des prestations, liée au vieillissement des portefeuilles d’assurance-vie et donc à l’arrivée à maturité d’un nombre croissant de contrats. Le marché est aujourd’hui clairement en difficulté. Il va finir l’année avec une collecte nette plus de deux fois inférieure à celle très élevée réalisée en 2010. D’après nos prévisions, elle devrait être de l’ordre de 20 à 24 milliards d’euros, contre 50,1 milliards l’an dernier. Et nous n’attendons pas de fort relèvement pour 2012.
Pourquoi les Français placent-ils moins d’argent sur l’assurance-vie ?
Nous évoluons aujourd’hui sur un marché des nouveaux placements financiers assez limité par rapport aux années fastes, malgré un taux d’épargne historiquement élevé. Cette situation s’explique beaucoup par le ralentissement du crédit à l’habitat, les crédits des uns servant à alimenter les placements des autres. On l’a bien vu pendant le boom de l’immobilier, la collecte de l’assurance-vie était très élevée. En règle générale, ce sont plutôt des ménages de 50-70 ans qui vendent leur bien avant la retraite ou après le départ de leurs enfants pour en acheter un plus petit, et donc moins cher, ou déménager en province : il leur reste un solde de liquidités à placer. Or les 50-70 ans sont la clientèle clef de l’assurance-vie.
Deuxième raison de fond essentielle, les épargnants ont aujourd’hui une très forte préférence pour la liquidité. Ils sont très frileux et ont peur de faire des pertes sur les marchés financiers. Cela explique pourquoi la collecte du Livret A ou des superlivrets bancaires marche si bien cette année. La collecte des dépôts à vue non rémunérés est elle aussi très forte depuis trois ans. Même un produit en déshérence comme le plan épargne logement (PEL) commence à retrouver des couleurs. A 2,5 %, il va redevenir intéressant si les taux courts baissent.
Les banques ne cherchent pas non plus à vendre de l’assurance-vie en ce moment.
Elles ont besoin de collecter de l’épargne bilancielle pour se préparer aux normes de Bâle III et, compte tenu de leur accès délicat aux ressources sur les marchés financiers, la collecte de l’assurance-vie est probablement déprimée chez les bancassureurs en 2011. L’offre et la demande se retrouvent donc. A tel point que, pour la première fois depuis 1995, la collecte de l’épargne bilancielle va dépasser celle de l’assurance-vie.
La rémunération des contrats en euros ne fait également plus rêver…
Elle sera encore à la baisse en 2011 et devrait tourner autour de 3 % en moyenne, contre 3,40 % en 2010. Pour quelqu’un qui a un horizon de placement à huit ans et qui ne veut pas prendre de risque, cela reste malgré tout un placement attractif, dans un contexte général de baisse significative des rendements financiers.
Les assureurs n’arrivent pas davantage à vendre des unités de compte (UC). Pourquoi ?
Historiquement, la collecte est très corrélée à l’évolution du CAC 40, malgré la diversification en cours des supports vers l’obligataire d’entreprise. Or nous venons de vivre le troisième krach boursier en moins de dix ans après ceux de 2002 et 2008. Les épargnants sont donc logiquement échaudés. Mais pour ceux qui ont un horizon de placement à plus de quinze ans, c’est probablement le moment d’aller vers ces supports investis en actions.
Quels facteurs pourraient permettre un redémarrage de l’assurance-vie ?
Ce qui la refera partir, ce sera d’abord une amélioration de l’environnement macroéconomique et financier et son impact sur la confiance des épargnants : cela passe par la résolution politique de la crise des dettes souveraines. Mais le chemin promet d’être long…