Per la prima volta dal 2008 il mercato è andato in rosso a settembre
L’issue était prévisible. Comme le laissaient entendre plusieurs assureurs ces derniers temps, le marché français de l’assurance-vie a connu en septembre son premier épisode de décollecte depuis fin 2008. La collecte nette, c’est-à-dire la différence entre les sommes engrangées et les prestations versées, est tombée à – 1,8 milliard d’euros, d’après les statistiques publiées hier par l’Association française de l’assurance (AFA). Le secteur avait failli basculer dans le rouge en décembre 2010 (collecte nulle) et en août (à peine + 100 millions d’euros).
Rarissime, le phénomène illustre bien les difficultés dans lesquelles se débat ce placement pourtant très prisé des Français depuis de longs mois déjà. Les assureurs sont pris en tenaille entre une baisse marquée des cotisations (- 11 % sur les neuf premiers mois de l’année) et une envolée des prestations (+ 19 %). En septembre, ces dernières se sont ainsi élevées à 11,5 milliards d’euros, soit bien davantage que les sommes versées par les épargnants (9,7 milliards). Depuis le début de l’année, la collecte nette a déjà fondu de 57 %, à 19,2 milliards d’euros. Sauf catastrophe très improbable sur les trois derniers mois de l’année, elle restera néanmoins positive en 2011.
L’assurance-vie fait les frais de plusieurs phénomènes adverses qui ont conjugué leurs effets cette année. Le flou qui a longtemps plané sur la réforme de la fiscalité du patrimoine a bloqué la collecte au premier semestre. Dans le même temps, l’assurance-vie s’est fait siphonner par les bancassureurs, soucieux de vendre des produits bancaires pour renforcer leur bilan dans la perspective des normes de liquidité Bâle III. Alors que les contrats d’assurance-vie en euros présentent des rémunérations déclinantes (3,40 % en moyenne en 2010), la concurrence d’un Livret A à 2,25 % net d’impôt – bien parti pour réaliser une collecte nette record en 2011 malgré un mois de septembre un peu faible -et des superlivrets offrant des taux d’appel à 5 %, voire plus, ont également fait mal à l’assurance-vie. Certains ménages ont enfin préféré investir dans l’immobilier.
Envol des rachats
Au-delà, les assureurs ont des raisons d’être inquiets. En septembre, les rachats, totaux ou partiels, ont atteint un niveau très élevé : près de 60 % des prestations, selon la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). La crise pousse des petits épargnants à retirer parfois toutes leurs économies pour rembourser des mensualités de crédit ou tenir le coup. Les assureurs savent aussi qu’ils devront mécaniquement verser plus de prestations dans les années à venir, certains contrats ouverts il y a vingt ans ou plus étant un complément de retraite pour leurs souscripteurs.
La collecte négative de septembre ne se lit pas dans les encours, qui restent à un niveau très élevé (1.368 milliard d’euros, + 4 % sur un an). Reste à savoir si elle sera un épiphénomène. La dernière fois que le phénomène s’était produit, après la faillite de Lehman Brothers, le marché avait connu un très fort mois de décollecte (- 3,1 milliards en octobre 2008) et une réplique moins violente (- 400 millions en décembre 2008).